Dans le cadre de la publication de tous les éléments du dossier qui concerne le licenciement de l'enseignant et délégué syndical CGT chez les Compagnons du Devoir, vous trouvez, Cc-après, le second mail qu'il a envoyé, en juin 2014, après une nouvelle journée éprouvante. Exceptionnellement, ce mail a reçu une réponse... laconique, par M. Untel (responsable de formation). Dans cette réponse, ce responsable a indiqué : "Il nous faut effectivement rencontrer les employeurs et les familles des jeunes concernés afin de trouver une issue positive à cette situation.". Ce qui est intéressant, puisque, par cette réponse, même unique, même laconique, il est donc acté par la direction que les faits ne sont pas contestables, puisque ceux-ci faisaient l'objet de plusieurs signalements. Or, à l'occasion de la procédure de licenciement, la direction a prétendu pouvoir nié les faits qui mettent en cause ces apprentis.
Les autres pièces seront publiées au fur et à mesure des prochains jours et des prochaines semaines, d'ici Noël.
"Monsieur le Prévôt,
Ce mail est partagé à M. Untel, en raison de ses responsabilités, et à Mme Untelle, en raison de sa connaissance de ce groupe. Après 20 heures, je vous ai appelé pour vous demander de venir à la salle de l'atelier. Je me doute que vous étiez occupé par ailleurs. Des apprentis CAP Maçons 1ère année ont encore eu des attitudes et des propos inadmissibles. Je constate, hélas, puisqu'ils ont fait référence au CAP 2ème année, que lorsqu'ils ont été en contact avec ceux-ci dans cette période d'examen, ce groupe des Maçons CAP 2ème année, devenu cauchemardesque en fin d'année, a "contaminé" le groupe des Maçons 1ère année par leurs jugements à mon encontre. Or concernant ceux-ci, je me suis demandé en fin d'année pourquoi un certain nombre d'entre eux avait dérivé vers un manque de respect profond à mon égard (avec apprenti 3, apprenti 4, apprenti 5). J'avais oublié un incident, avec le recul, grave. En effet, le formateur métier, M. Untel 1, m'a interpellé un jour en me sommant de venir devant lui. Je vous avais parlé de cette situation, de ce comportement inacceptable, dont je vous avais demandé de parler avec lui, afin qu'il ne se reproduise pas. Or j'avais oublié que les Maçons CAP 2ème année avaient été des témoins de cette situation. Et si un formateur métier manque de respect à un formateur en enseignement général, les jeunes qui sont prompts à se saisir d'une telle "situation" pour l'adapter à leur manière déduisent que, puisqu'un adulte manque de respect à un autre, c'est qu'ils n'ont pas, eux non plus, à en avoir. Je pense que M. Untel 1 n'a pas mesuré à ce moment-là ce qu'il faisait, en somme je veux dire qu'il n'a pas sciemment agi ainsi pour créer cet effet, mais malheureusement, c'est ce qui s'est passé. De toute façon, comme je l'ai dit pour certains Prépa Métiers et avec le recul des années, il existe un énorme problème de respect des apprentis vers les enseignants formateurs en enseignement général. Je me pose la question : est-ce que les adultes, formateurs métiers, se permettraient de nous manquer aussi de respect dans le cadre de l'atelier, au motif que nous ne sommes pas du métier, et que nous ne sommes pas compagnons ? Si tel était le cas, je devrais protester fermement contre de tels comportements, et demanderais à la direction d'agir pour faire cesser cela. Vous remarquerez que je n'en fais que l'hypothèse. Etant donné le comportement de certains (qui se permettent, en classe, de ne pas retenir leurs soucis gastriques, et évidemment, d'en rire, et de le faire, une fois, deux fois, trois fois), j'ai donc envoyé toute la classe dehors, en vous attendant. Constatant que vous étiez dans l'impossibilité de venir, les apprentis sont revenus dans la salle, et là, extraordinaire, certains d'entre eux ont fait le procès de leur enseignant ! Pour apprenti 6, alors que je lui ai demandé de fermer la porte du fond de la classe, et constatant qu'il ne le faisait pas, lui demandant à nouveau en parlant plus fort, j'ai omis de lui dire "s'il te plaît", et donc je lui ai manqué de respect, selon ses propres termes ! Pour apprenti 7, ce que nous faisons en cours ne servirait à rien, pour le CAP. Pour apprenti 8, j'ai osé une fois le pousser (gentiment) de mon chemin, et en fait, je l'aurais donc "agressé" ! A AUCUN MOMENT, ces apprentis ne se mettent en cause. Apprenti 6 ne cesse de répéter, et ce depuis plusieurs stages, que je leur manque de respect, voire les insulte ! Il est bien en peine pour prouver de tels propos, mais il les tient ! C'est que apprenti 6 a eu du mal à supporter que je leur fasse la leçon sur leurs sentiments et leurs propos racistes, qu'ils tiennent, hélas, avec constance ! Du coup, il essaye de créer la confusion en voyant du racisme là où il n'est pas, et en justifiant le racisme là où il se trouve. Apprenti 7 a été pris sur le fait, à plusieurs reprises, de se servir de son téléphone portable (malgré son obligation de le ranger dans son espace prévu) Y COMPRIS POUR LIRE DES TEXTES, EN ANGLAIS ! Il fait très peu d'efforts pour progresser en français, et en plus, il lit en anglais en cours ! et encore il trouve les moyens de se permettre de juger de ce que nous faisons en cours ! Il réclame des cours de grammaire et des exercices de conjugaison. Si nous pouvons faire cela parfois, nous ne pouvons le faire systématiquement ! Et pourquoi ne s'exerce t-il pas, plutôt de que de lire des textes en anglais ? C'est dire aussi le respect qu'il a pour nous. Quant à apprenti 8, qui a été exclu trois jours pour ce stage, il a trouvé les moyens de consacrer son retour à des causeries permanentes avec son voisin, apprenti 10, mais monsieur est une victime ! Apprentis 11, 12, 13, ne sont guère mieux. La situation de ce groupe est donc TRES PREOCCUPANTE. Dans une telle situation, ils n'hésitent pas à mentir : "oui, nous voulons travailler", mais dès que je fais en sorte d'engager la dynamique nécessaire au travail, ils baissent les bras face aux difficultés au bout de deux minutes. J'ai eu, dans la journée, une discussion avec Apprenti 14 qui m'a parlé de sa déception (et de celle de son père) à l'égard du CFA, dans la mesure où, selon ses propos, il n'y a aucun respect dans ce groupe, aucun respect des uns envers les autres, et aucun respect de certains d'entre eux vers les adultes. Aussi, étant donné ces constats, et n'ayant pas toutes les solutions, je demande donc qu'une réflexion soit engagée pour que les prochains stages de ce groupe soient strictement et sévèrement encadrés, pour que les enseignants formateurs en enseignement général ne soient pas d'une manière ou d'une autre critiqués par des adultes responsables (puisque, pour ma part, je ne me permets jamais cela à l'égard d'un formateur métier), que les parents et les employeurs de Apprentis (une liste) soient appelés, convoqués si possible, que ce soit à la fin de ce stage, ou lors du prochain. Avec l'arrivée des chaleurs, ils ont réclamé que les cours associent cours classique et travail sur des films. Mais ce soir, ils ont considéré que nous ne travaillons pas assez ! Je leur ai donc fait cette promesse : entre ce jour et le dernier jour de leur formation, l'année prochaine, il n'y aura plus une seule fois l'utilisation du matériel vidéo. Monsieur le Prévôt, si vous voulez que je vienne vous voir vendredi, comme nous en avons évoqué la possibilité, je le peux, et cela pourrait être l'occasion d'une discussion avec leur maître de stage, voire appeler certains parents, ou employeurs - mais cette décision vous appartient. J'ajoute pour terminer que, d'année en année, les choses se confirment : les problèmes que nous connaissons avec les Maçons n'existent quasiment pas ou jamais avec les Charpentiers. Il y a donc bien un problème lié aux activités intellectuelles/manuelles du métier. Il faut donc trouver des solutions spécifiques pour que le niveau général des Maçons s'élève."