Cet inspecteur du travail s'est suicidé il y a quelques jours. Cet inspecteur, engagé, était apparemment dégoûté par ce qui s'est imposé dans sa vie professionnelle. Il y a très peu d'inspecteurs et d'inspectrices du travail en France (entre 2000 et 3000), pour près de deux millions d'entreprises. Si peu nombreux, ils font ce qu'ils peuvent, confrontés à la démesure des problèmes. La majorité politique tient un discours martial dans de nombreuses circonstances, mais par contre, lorsqu'il s'agit des fautes et des fraudes dans le monde économique, cette majorité a travaillé pendant quatre ans à affaiblir le Code du Travail et l'Inspection du Travail. Même dans ce corps, la souffrance mentale existe, au point qu'un homme s'est suicidé. Le manque de respect à l'égard des citoyens et des travailleurs est un très grave problème. C'est pourquoi nous nous associons à celles et ceux qui ont rendu, rendent et rendront des hommages à Luc Béal-Rainaldy.
Un article du quotidien Libération qui lui est consacré :
"Mercredi, Luc Béal-Rainaldy, inspecteur du travail, s’est suicidé en se jetant dans une cage d’escalier du ministère du Travail à Paris.
Hier, ses camarades du Snutefe-FSU, dont il était le secrétaire national, ont dénoncé le «rythme effréné des réformes, qui broient les services de l’Etat et leurs agents et détruisent les valeurs du service public, et l’incessant simulacre de dialogue social [qui] auront conduit Luc à l’épuisement et à une impasse».
Chasse. Luc Béal-Rainaldy, 52 ans, père de deux enfants, était très engagé aux côtés des salariés étrangers en situation irrégulière. Surtout, il refusait que ses collègues soient transformés en supplétifs de Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration, dans sa chasse aux sans-papiers.
En mai 2007, les représentants syndicaux des inspecteurs du travail (CGT, Sud-Travail et Snutefe-FSU) s’étaient émus du décret d’attribution du ministère de l’Immigration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement. Son article 4 prévoyait que, «pour l’exercice de ses attributions, le ministre dispose» de différentes directions administratives, dont «la direction générale du travail».
En juillet 2007, Luc Béal-Rainaldy décryptait pour Libération les arrière-pensées d’Hortefeux :«Les services de police ne peuvent pas pénétrer dans les entreprises sans l’autorisation d’un juge, alors que nous, on peut y entrer à tout moment, de jour comme de nuit. En fait, on leur sert d’ouvre-boîtes.»
Pour les syndicats, la mission des inspecteurs du travail est de contrôler les employeurs. «La philosophie de notre pratique est de relever les infractions commises par les chefs d’entreprise», confirmait Luc Béal-Rainaldy.
Amende. Or, l’objectif du gouvernement était de s’en prendre aux salariés.