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Jacques Loubet : CFA/CMA, 30 ans de causes de la misère, son livre-témoignage

 

La section : Pour le même métier, un enseignant du public perçoit entre le double et le triple qu'un enseignant d'un CFA - ou inversement un enseignant d'un CFA gagne entre deux et trois fois moins qu'un enseignant du public ? Comment expliquez-vous qu'en 30 ans, cet écart puisse être d'une telle proportion ? 

 

Jacques Loubet : Pour quelles raisons un écart (simple ou double) dans les rémunérations des profs ? 2 niveaux à considérer :

  • Régional : il est nécessaire de savoir que dans les conventions entre la région et les organismes gestionnaires des CFA, le financement se fait à l'heure-élève et non à la section ou au professeur (comme dans l’Éducation Nationale). De plus, cette dotation doit entraîner un équilibre au niveau comptable. L’Éducation Nationale n'a pas à observer cet équilibre financier.

  • National : grille des salaires sur le statut. Les représentants patronaux, aidé par le représentant du gouvernement, ne souhaitent pas augmenter le nombre de points de base (ils se réfèrent en moyenne à ce que touchent en moyenne les artisans et les enseignants ne doivent pas en recevoir davantage). Quant à l'ancienneté, elle ne doit en aucun cas être identique à celle des professeurs de l'EN (LP) , puisque les professeurs en général ne sont pas titulaires du CAPES. 2 fois par an, il y a nationalement négociation tendue sur la valeur du point (en se référant à l'augmentation de la valeur du point des fonctionnaires en pourcentage, seulement)

Ces 2 niveaux de décision, le statut obsolète, l'absence de vrai dialogue social, entraînent des différences énormes de rémunération, entre profs des CFA et profs des LP (EN).

Un nouveau Ministre a été désigné, pour qu'il se consacre à la formation professionnelle et à l'apprentissage. Que voudriez-vous lui dire, que voudriez-vous lui voir faire ? Et que conseilleriez-vous aux salariés des CFA et CMA de 2012 qu'ils fassent pour renverser la vapeur d'une Histoire très dure dans leur domaine ? 

L'ensemble est à lire ici

Commentaires

  • M. Loubet,

    Le SNCA-CGT a des revendications nationales pour les CFA.

    http://snca-cgt.blogspot.fr/2012/10/octobre-2012-la-cen-du-snca-fait.html

    Qu'en pensez-vous ?

  • bonsoir , c'est JFG qui m'a averti d'une question ; j'y réponds volontiers et tout de suite:

    1er point c'est NON . pas de cc mais un statut avec référence à un établissement public administratif de l'état , cfa des chambres consulaires , cfa education nationale , cfa municipaux ; On sait helas trop ce que signifie une cc en terme de précarité dans le temps et surtout aussi en terme de pression
    3eme point c'est NON , pas de conventions quinquennales puisque la formation par l'apprentissage est une foRMATION INITIALE comme le sont les formations et l'enseignement à l'E.N ; tous concourrent aux objectifs éducatifs de la nation
    6eme point c'est OUI
    il serait entre autre souhaitable d'effectuer pour les enseignants des cfqa et lp de pouvoir s'interchanger ( bien entendu pour la ou les memes matieres enseignées cela va de soi ; accord de 2 profs (lp et cfa) pour expermentationd'1 an et chacun conservant la rémunération de son organisme ;
    pour tout le reste c'est OUI, accord

  • Jacques,

    Merci pour ta réponse. Tu as raison : ou bien les CFA restent sous un statut privé, et dans ce cas, la convention collective nationale des CFA est nécessaire, ou bien leur statut évolue, comme tu le proposes. Cela fait partie des possibilités à envisager et soumettre lors des négociations. Même chose pour le 3ème point : ou bien... et alors les conventions quinquennales existeront comme elles existent aujourd'hui, et dans ce cas, il faut qu'elles soient différentes et plus substantielles, ou non, et alors... Nous retenons ta proposition de construction d'expériences à travers des échanges. Merci "pour tout le reste" !

  • françois bonjour,

    une précision omise de ma part ( non intentionnellement) concerne le vocable de professeur de CFA qu'il faudrait conserver et non le terme de formateur ; et voici pourquoi:

    les organismes gestionnaires de CFA ( hélas ils sont très nombreux) souhaitent maintenir le vocable de formateur;. en effet , cela leur permet dans les statuts et les con ventions collectives de :
    - ne pas rétribuer les enseignants au meme niveau que ceux de l’E.N
    -ne pas leur octroyer l’ensemble des vacances scolaires dont ils auraient fort besoin
    - leur faire effectuer beaucoup plus d’heures par semaine de face à face ( 21 à 24 h en général) contre 15 à 18h pour les enseignants de l’EN
    - les contraindre sous de fallacieux prétextes à être plus ou moins taillable et corvéable ; j’en passe car la liste serait longue ; ( j’ai à ce sujet beaucoup trop d’expérience)
    A contrario, la référence à un terme de prof ( qui n’est pas une fin en soi) sous tend un travail identique ( en terme de face à face , d’inspections etc.. donc une demande et une lutte permanente d’ajustement : A TRAVAIL EGAL ---------- SALAIRE ET CONDITIONS IDENTIQUES
    Cela a été plaidé devant les tribunaux
    Il est évident que l’on peut objecter pour quelles raisons ne pas avoir intégré par concours l’E.N ,
    la réponse est simple : la volonté de ne pas partir loin de son département car partir , c’est mourir beaucoup ;
    voila la position d’un nombre important d’ enseignants des CFA du Languedoc Roussillon dont je faisais partie
    amicalement à toi

  • ENFIN CA Y EST !!!!!

    Suite à la conférence sociale( volet formation professionnelle), c’est au printemps 2013 que le gouvernement va enfin procéder à une grande concertation nationale sur l’alternance et l’apprentissage.
    C’est le moment de faire savoir que vous existez !! Ne vous laissez rien imposer! Soyez acteurs et faites des propositions pour l’avenir de cette formation initiale et pour votre propre avenir;
    Pensez surtout à l’apprentissage au service des premiers niveaux de qualification’( 5) dont les effectifs diminuent depuis des années.
    Utilisez vos réseaux ( syndicats , associations voire partis politiques) ; La formation par l’apprentissage rénové, et réformé dans le bon sens du terme, l’alternance bien pensé sont des ATOUTS
    pour l’insertion des jeunes dans la société .

  • Jacques,

    Le rendez-vous est enfin pris.
    Nous y serons.

  • bonjour,
    merci de me faire savoir (en substance) le contenu de l'entrevue ; je me permettrai de faire le relais en languedoc roussillon aupres des cfa et des syndicats

  • Bonjour Monsieur,
    Le Ministre fait suite à votre question et vous répond :

    Monsieur,
    Bien que la formation s'y déroule dans le cadre d'un contrat de travail, l'apprentissage est dans le champ de la formation initiale et non dans celui de la formation continue. C'est bien pourquoi la formation dans le cadre d'un contrat d'apprentissage doit avoir pour objectif l'obtention d'un diplôme d'Etat.
    L'objectif du Président de la République et du Ministre délégué en charge de la dormation professionnelle et de l'apprentissage est de réformer d'une part la formation continue, et d'autre part l'apprentissage.
    Dans ce but, une loi est en préparation dans le cadre d'une très large concertation avec tous les acteurs concernés : Régions, partenaires sociaux, Chambres consulaires, représentants des CFA...
    S'agissant de l'apprentissage,la réflexion en cours prend en compte les problèmes que vous évoquez, le but étant notamment de rendre plus lisible, plus efficace et plus équitable le système de collecte et de répartition de la taxe d'apprentissage.
    Bien cordialement à vous.
    Thierry REPENTIN

    QUE CONTIENDRA DONC CETTE LOI ET Y AURA T-IL UNE GRANDE CONCERTATION ???? JACQUES LOUBET

  • Jacques

    1 - M. Repentin est encore Ministre, mais plus de ce Ministère
    2 - Désormais, le Ministre concerné est M. Sapin
    3 - Le projet politique et législatif est toujours en cours
    4 - A ma connaissance, la CGT n'a été ni reçue, ni entendue. Mais cela devrait venir
    5 - Tout va se jouer dans les six mois qui viennent

  • bonsoir,
    merci pour la réponse, je reste dubitatif quant au calendrier

    A peine a-t-il annoncé un projet de loi sur la formation professionnelle pour "l'hiver prochain", que le ministre délégué à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage Thierry Repentin a quitté son portefeuille pour celui des Affaires européennes. Le départ du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, mardi 19 mars (après l'ouverture d'une information judiciaire contre X notamment pour des chefs de recel et de fraude fiscale), a en effet entraîné un jeu de chaises musicales au sein du gouvernement. Jérôme Cahuzac laisse son fauteuil au ministre délégué des Affaires européennes Bernard Cazeneuve, lui-même remplacé par Thierry Repentin.
    Pour le moment, aucun successeur n'a été désigné pour Thierry Repentin. Son portefeuille revient donc à son ministre de tutelle, Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation et du Dialogue social. Déjà en charge du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, qui arrivera à l'Assemblée début avril, Michel Sapin devra conduire deux réformes importantes : le projet de loi sur l'apprentissage attendu en Conseil des ministres cet été (avec la question de la réforme de la taxe professionnelle) et celui sur la formation professionnelle annoncé pour l'hiver suivant… Sans parler de l'avant-projet de loi de décentralisation qui doit être présenté en Conseil des ministres, le 10 avril, et qui comprend un important volet sur la formation et l'orientation toute la vie.

    ceci a été extrait de localtis

  • bonjour , voila , à mon avis , les premieres mesures urgentes à mettre en place dans le cadre d'une reforme rénovation de l'apprentissage :



    : -necessité chaque année au mois de juin de réunir tous les acteurs pour des assises de l'apprentissage dans chaque département ( objectif precis : élaboration des besoins en formation -création de formations si necessaire ( métiers en tension ) ou suppression de classes -optimisation des CFA avec du personnel( profs et formateurs) compétents et bien rémunérés - optimisation du travail du tuteur en entreprise ( avec statut et rémunération) -necessité de réactiver la coda ( agréments des maitres d'apprentissage) pour que les capacités des tuturs soient réelles -augmentation du nombre d'inspecteurs de l'apprentissage au niveau départemental avec des moyens de controle réels et pouvant demander à la coda des sanctions . enfin, pour que les jeunes n'aillent pas dans cette voie par défaut , il serait utile et correct de bien REMUNERER ces métiers ad hoc notamment lorsque les jeunes ont les diplomes et titres.-

  • Jacques, une conférence (avec ta participation) sur le sujet, enregistrée (vidéo), serait très utile.

  • 500 millions d'aide à l'apprentissage supprimés !!

    et les conséquences en terme d'effectifs dans les nombreux CFA de France??

    et les conséquences en matière d'emploi dans ces CFA?? les professeurs ( j'étais de cela ) mal payés , non considères , font un travail remarquable et innovant avec les apprentis et en étroite relation avec les maitres d'apprentissage dans les petites entreprises notamment?
    s'il y a des licenciements , cela va couter cher à l'état ( beaucoup de CFA ont un statut de droit public)
    décidément quelque chose ne tourne pas rond dans notre royaume de France ;
    agents des CFA ne restaient pas sans réponse , sinon vous risquez de ne plus avoir de jeunes en face à face pédagogique

  • Jacques,

    Tu as raison, nous devons nous organiser, défendre, agir.
    Certains élus sont conscients, d'autres non.

  • bonjour,

    je viens de parcourir le document de cadrage du 29 aout , prélude aux discussions sur la réforme de l'apprentissage: ne sont évoquées que 2 choses : la réforme de la taxe d'apprentissage et l'augmentation du nombre d'apprentis ( bref une coquille vide);
    où sont les enjeux , les vrais problèmes : organismes gestionnaires nombreux et trop puissants ; statut des personnels ; considération et amélioration des conditions de travail, perennisation des emplois , statut des apprentis et des tuteurs en entreprise , action de contrôle de l'état et des collectivités territoriales ( décideur et financeur ) etc...; etc... la liste serait trop longue
    alors amis , compagnons , quand allez vous peser de tout votre poids ?????

    bien à vous jl

  • Jacques, Tu as parfaitement raison sur le cadre très restrictif de la négociation sur l'apprentissage. Nous pouvons t'informer sur le fait que la délégation CGT a présenté des demandes et des propositions pour une négociation plus large, notamment concernant le statut des salariés des CFA. Nous en parlerons prochainement.

  • attention peut etre danger!!!
    bonjour,

    de nombreux CFA s’inquiétent de la relative baisse des effectifs des apprentis ;
    certes l’état de l’économie actuelle n’incite pas les artisans ; commerçants; chefs d’entreprise à former les jeunes pendant 2 ou 3 ans selon les contrats ;
    toutefois , on est en droit de se poser la question si , dans certains cas les emplois d’avenir ne viennent pas concurrencer l’apprentissage ?
    une étude devrait etre conduite par les pouvoirs publics afin de répondre précisément à cette question ;
    si c’est le cas , il est patent que la baisse des effectifs va entrainer des suppressions de postes de professeurs dans les cfa de France qui seront les plus touchés

  • Oui, Jacques, et les dirigeants actuels semblent en être tellement conscients qu'ils souhaitent que la Fonction Publique, comme la Fonction Territoriale, puisse recruter et former des apprentis, afin notamment de pallier aux insuffisances de recrutement du privé, qui demande le beurre et l'argent du beurre.

  • excellente année à tous les personnels et profs des cfa;
    sachez mes amis que seule une lutte quotidienne acharnée dans les établissements ( et surtout tous ensemble dans l'unité la plus large possible) pourra faire avancer vos légitimes droits et vos statuts ; j'en sais quelque chose

  • Jacques,

    Nous te remercions pour tes voeux, et nous sommes d'accord sur tes recommandations. La lutte "acharnée", nous la menons, et tu sais par la lecture de ce blog que c'est un travail très difficile. Quant à l'unité..., nous allons en parler très vite, étant donné que nous venons d'entrer dans une année électorale, au sein de l'AOCDTF.

  • Témoignage: "Nous, apprentis à la botte du Medef"
    Mots clés : marché du travail , education, medef, edf, métallurgie, salaires, enseignants, heures supplémentaires, smic, syndicats, apprentissage, lycées, uimm,
    « Si tu le dis, ton patron va pas être content »


    L'Humanité dévoile l’édifiant témoignage de «Jules», élève dans un centre de formation des apprentis dépendant de l’UIMM, la puissante union patronale des industries et des métiers de la métallurgie.

    Il n’est jamais simple de publier un témoignage anonyme. Pourtant, après avoir pris contact avec son auteur, nous n’avons pas hésité longtemps tant l’expérience de «Jules», comme nous l’avons prénommé, nous est apparue révélatrice à plus d’un titre. Révélatrice d’un mode d’enseignement dont le gouvernement et le Medef ne cessent de vanter les mérites mais qui reste, paradoxalement, méconnu de la plupart des médias. Révélatrice également de ce travail têtu du patronat qui cherche, autant qu’il le peut, à façonner une main-d’œuvre à sa convenance. Comme le souligne «Jules», dont les expériences préalables ont aiguisé le regard critique, ce n’est pas l’apprentissage qui est en cause, c’est son dévoiement orchestré par les seuls intérêts économiques. Et c’est parce qu’il croit à un apprentissage intelligent qu’il tenait à dénoncer cette situation.

    « Accolé au logo de l’établissement, le sigle de la puissante UIMM trône sur la façade du Centre de formation des apprentis de l’industrie… Le ton est donné. Nous sommes dans l’un des 58 CFAI dont dispose la très influente organisation patronale de la métallurgie. C’est dans cet établissement privé que je suis mes cours de bac pro MEI (maintenance des équipements industriels), aux côtés de 25 jeunes âgés de dix-sept à trente ans : deux filles seulement, une moyenne d’âge autour de dix-huit ans. L’inscription est gratuite et les apprentis sont rémunérés par une entreprise selon leur âge et leur niveau d’étude (de 35 à 80 % du Smic). En échange, la moitié du mois, les jeunes travaillent trente-cinq heures par semaine pour leur entreprise, en horaires décalés pour certains.

    8 heures. Sur le perron du CFA, un groupe d’apprentis parlent foot, jeux vidéo, ou se racontent leurs soirées, souvent arrosées. Leur cigarette grillée, ils enfileront leur bleu de travail : direction l’atelier, à moins qu’ils n’aient cours d’histoire-géo ou de technologie. Pas le temps de chômer, le bac est dans toutes les têtes : le mois de juin approche à grands pas ! Rien ne les distingue, à première vue, des élèves des lycées professionnels. Mais à y regarder de plus près, le quotidien des apprentis des CFAI est fait de bien des spécificités, et pour cause, notre centre de formation est placé sous l’égide de l’UIMM, la plus puissante branche du Medef.

    L’apprentissage... de la docilité

    8 h 10. L’heure de gagner les salles de cours. Gare à celui qui s’attarde, les horaires d’entrée et de sortie du CFA sont strictement contrôlés, les apprentis étant rémunérés par leur entreprise pour trente-cinq heures par semaine. L’heure de sortie des cours est minutée : à 16 h 29, interdiction d’attendre 16 h 30 dans le couloir. Personne ne sort de la salle « tant que je ne l’ai pas décidé », martèle le professeur. Et une enseignante de se laisser aller à une confidence : « Sinon, je vais me faire taper sur les doigts. » En revanche, si les apprentis sont tenus de respecter ces horaires, les enseignants peuvent demander à l’un ou plusieurs d’entre eux de « rester entre midi et deux » pour finir un exercice. Averti au dernier moment, l’apprenti demande généralement à un camarade de lui rapporter un sandwich, qu’il avalera tant bien que mal devant sa machine. Le jeune est-il couvert en cas d’accident? Quid des responsabilités? L’apprentissage est aussi l’apprentissage de la docilité: ne pas poser de question gênante, arriver à l’heure, travailler plus longtemps si un supérieur l’exige… De quoi préparer nos jeunes à travailler à faire des heures supplémentaires non payées, une fois embauchés en entreprise.

    En matière de rémunération, c’est cette même docilité qu’on inculque à nos jeunes ouvriers. L’exemple de Maxime est particulièrement révélateur. Titulaire d’un baccalauréat technologique, il intègre le bac pro directement en troisième année, comme deux de ses collègues. Conformément au Code du travail, ils sont payés à hauteur de 80 % du Smic brut (environ 1 140 euros), la rémunération prévue par la convention collective pour une troisième année de formation. Mais Maxime, lui, touche moins de 800 euros par mois, son patron ayant décidé de ne lui verser que 55 % du Smic, soit le montant prévu pour une première année de formation. L’apprenti découvre après quelques semaines l’anormalité de sa situation, mais estimant que «c’est mieux que rien», il se contente de râler. Puis, poussé par des camarades, il demande conseil au «formateur principal», équivalent du «professeur principal». Celui-ci lui rétorque: «M. X (son patron) ne va pas être content si tu lui dis ça.» Visant une embauche à la fin de son bac pro, Maxime prend acte, et son patron de se frotter les mains. En plus des exonérations fiscales dont il bénéficie au titre du contrat d’apprentissage, il peut exploiter une main-d’œuvre sous-payée. En effet, Maxime effectue les mêmes tâches que les autres ouvriers, «opérateurs» dans la novlangue patronale.

    Horaires, salaires, protection en cas d’accident: obéissez et fermez-la. L’école nous apprend que les règles ne sont pas absolues, il s’agit de respecter le droit lorsque celui-ci est favorable à ceux qui nous commandent et de l’enfreindre lorsqu’il nous protège. Mieux, on apprend à ignorer qu’il existe des règles. Le patronat veut substituer l’arbitraire au Code du travail, l’enseignement dans les écoles de l’UIMM en est une nouvelle illustration.

    De la propagande patronale… aux relents racistes

    Ici, les cours d’économie-gestion s’apparentent à de la propagande patronale. La première fonction des syndicats – cours dicté par l’enseignant – est de «déclencher des grèves», la deuxième étant de négocier avec l’employeur. Défendre les droits des salariés? Certainement pas, ce serait reconnaître que ces droits sont constamment attaqués par le patronat. Les délégués du personnel et les syndiqués sont présentés comme des personnes intouchables, protégées par la toute-puissance des syndicats, contre laquelle les patrons ne pourraient rien. Le professeur n’hésite pas à plier le Code du travail aux vœux du patronat: «Vous, les apprentis, vous n’avez pas le droit de vous syndiquer.» Qu’importe si les apprentis sont considérés par le Code du travail comme des salariés à part entière. Et s’ils ont donc le droit de se syndiquer et de faire grève…

    Parfois, l’idéologie s’insinue plus sournoisement dans les propos du professeur, qui rappelle constamment la générosité excessive du droit social français envers les salariés. Les comparaisons avec le «modèle allemand» vont bon train. Mais la marotte de notre enseignant, ce sont les salaires mirobolants dont bénéficieraient les ouvriers de telle ou telle grande entreprise. «Chez EDF, ils se gavent!» Le professeur interpelle régulièrement les élèves venus de ces grandes entreprises pour illustrer les «avantages» dont ils bénéficient: le débat est lancé, ce sont les apprentis des grandes boîtes où l’on «ne branle rien», accoudé à longueur de journée à la machine à café, contre ceux des petites où l’on trime pour de vrai. Même ambiance en cours de prévention santé environnement, ponctué par les blagues de l’enseignante qui s’en prend aux cheminots et aux salariés de la DDE, dont la journée de travail s’écoulerait au rythme des parties de belote. Pas un mot sur la longue histoire des luttes qui a permis à la classe ouvrière d’arracher ses acquis sociaux. Pour mettre en concurrence les exploités contre les surexploités, mieux vaut leur faire oublier qu’ils ont un ennemi commun!

    Le patronat est le grand oublié des cours portant sur le monde du travail, pas un mot sur son puissant syndicat, le Medef, alors que le cours à lieu dans les locaux de l’UIMM. Le bouc émissaire de la crise française, ce sera l’étranger. «Les Gitans, ils ne peuvent pas s’en empêcher de voler, ils ont ça dans le sang», lâche un jour un professeur. Choqué, je demande une explication et lui montre la phrase que j’ai notée. Confus et surpris, il s’enfonce. «Ils ne sont pas tous comme ça, y en a des biens», «Je ne suis pas raciste»… Avant de me prier de détruire mes notes: «Je vais te demander de jeter ce papier, faudrait pas que quelqu’un tombe dessus, on pourrait croire que je suis nazi.» Au-delà du «dérapage», il faut lire ces propos comme le symptôme d’une ambiance où les idées les plus nauséabondes peuvent s’exprimer librement, une atmosphère qui s’étend bien au-delà de l’enceinte de l’établissement.

    L’inculture de certains profs frôle l’inconcevable

    Ce sont généralement les élèves les plus en difficulté (ceux des classes populaires) qui sont orientés vers la voie professionnelle. Au CFAI, ces élèves sont confrontés à un double handicap: au faible capital culturel dont ils disposent s’ajoute l’enseignement de professeurs qui tirent le niveau vers le bas. «Ta gueule!», «Vous commencez vraiment à me faire chier!», «Je m’en branle», «Oublie pas ta bite quand tu vas l’enculer!» sont autant de phrases que l’on attribuerait difficilement à des enseignants. C’est pourtant ainsi que certains d’entre eux s’adressent à leurs élèves. Des fautes d’orthographe invraisemblables jalonnent les cours distribués dans les matières professionnelles. La syntaxe est souvent mise à mal – «Bon, vous voyez, là, c’est où c’est que…» – et l’inculture de certains profs frôle l’inconcevable. L’un d’eux s’avérera incapable d’expliquer le sens du mot «vil» qui figurait sur l’un de ses cours photocopiés. Interrogé par un élève, il hasarde une explication : «Ça veut dire qui vient de la ville.» Ce sont pourtant ces mêmes élèves qui passeront leur bac en juin prochain. Au fond, c’est toute l’organisation des CFA qui pose question. Contrairement aux enseignants des lycées professionnels, obligatoirement titulaires du CAPLP, les professeurs de CFA n’ont pas nécessairement passé un concours de l’éducation nationale. Des collèges et des lycées de Seine-Saint-Denis aux CFA, une même logique prévaut : mettre moins de moyens là où il en faudrait le plus.

    Malgré tout, pour afficher un taux de réussite maximal au bac, le CFAI opte pour une solution simple. Première étape : sélectionner les meilleurs élèves à l’entrée, dans la mesure du possible – c’est-à-dire les meilleurs des « mauvais ». Les autres se retourneront vers les lycées professionnels. Deuxième étape : décourager avant les épreuves ceux qui risquent d’échouer au bac. Ces derniers subissent des remarques répétées de la part de professeurs qui les incitent à ne pas remplir le formulaire d’inscription au bac. Les élèves ayant abandonné en cours d’année ne figurant pas sur les statistiques affichées par les établissements, les CFA ont tout intérêt à pousser les « mauvais » vers la sortie.

    Quand l’Etat confie l’éducation des jeunes à l’UIMM

    Les apprentis issus du CFAI travaillent souvent pour les grands donneurs d’ordres de la région : contrairement aux élèves issus d’une formation classique, ils ont bonne presse dans les grandes entreprises. Et pour cause, c’est l’UIMM elle-même qui les a formés. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Cette branche du Medef dispose d’un réseau de 50 Afpi, Associations de formation professionnelle de l’industrie (formation continue), de 23 Itii (Instituts des techniques d’ingénieur de l’industrie, formation des ingénieurs), et de 58 CFAI (formation des apprentis ouvriers et techniciens). Pour financer leurs activités, les CFAI bénéficient de diverses ressources, provenant de l’État (subventions des régions) et du privé, selon des modalités fixées par la convention de création de chaque établissement. La taxe apprentissage leur est versée par les entreprises de la région via un organisme de l’UIMM (l’Opcaim) : chaque entreprise choisit librement le centre de formation bénéficiaire. La part restant du budget est prise en charge par l’organisme gestionnaire, en l’occurrence le syndicat patronal de la métallurgie. Or, ici comme ailleurs, le principe « celui qui paie décide » s’applique : aux ordres des intérêts privés, on voit mal comment ces établissements pourraient accomplir leur mission de service public. « Ici, c’est comme dans les boîtes, ceux qui foutent le bordel, on n’en veut pas », résume, à sa manière, un formateur. Pour un bac pro, on choisira un élève « bosseur » plutôt qu’un autre plus « doué ». Tandis qu’en BTS, on mettra l’accent sur le « comportement exemplaire » des futurs chefs d’atelier.

    On comprend pourquoi le patronat plébiscite l’apprentissage : prêts à tous les sacrifices pour obtenir une embauche, les apprentis doivent faire leurs preuves dans leur entreprise, qui les fera peut-être signer un contrat une fois passé avec succès leur initiation au marché du travail. Dans les CFA privés, le Medef se taille des salariés sur mesure et accentue le vaste mouvement qui vise à subordonner l’éducation aux besoins économiques immédiats. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Comment l’État peut-il continuer à financer des établissements qui enseignent que le droit du travail peut être violé impunément ? Comment peut-il confier l’éducation des jeunes à l’UIMM, une organisation dont l’histoire va de la Collaboration au scandale des caisses noires ? Le plus fou est que tout cela passe presque inaperçu. Magie de l’idéologie capitaliste qui fait croire que l’ordre instauré par un rapport de forces est naturel et qu’il ne peut être changé. Je crois, au contraire, qu’il viendra un jour où les lettres UIMM seront effacées des façades des CFAI. On y enseignera que les étrangers sont nos frères et que le Code du travail est une conquête de nos aïeux. Alors, le vieil apprentissage apparaîtra comme ce qu’il est, un simulacre suranné qui a laissé sa place à la véritable réconciliation entre travail manuel et travail intellectuel. »

    commentaire;j'ai été profondément choqué par certains passages ; je pense que l'auteur de l'article a exagéré car yous les cfa ne rentrent pas dans cette description et je me sens très meurtri lorsqu'il est question d'inculture des profs ( ils ont le toupet d'écrire formateurs) qu'en pensez vous SVP ?????

  • Jacques, Nous sommes tellement d'accord avec toi que la CGT a fait une première réponse ici :

    http://snca-cgt.blogspot.fr/2014/01/suite-larticle-de-lhumanite-sur.html

    et qu'un second texte va apporter des précisions et des compléments à ce que ce premier texte déclare déjà.
    En outre, nous avons prévu une réponse adaptée à ce que nous connaissons de ce qui se passe dans les CFA de l'AOCDTF (mise en ligne demain).

  • Comme promis, Jacques, voici donc la note par laquelle nous répondons :

    http://leblogdessalariesdescfa.hautetfort.com/archive/2014/01/19/apres-le-dossier-de-l-humanite-sur-les-cfa-a-propos-de-l-ens-5275902.html

  • bonjour

    par mail, je me suis plains directement à l'humanité "fil rouge" et j'en ai profité pour leur demander de vulgariser mon ouvrage
    j'ai reçu une bréve réponse aujourd'hui 21 janvier stipulant qu'un écrit avait été rédigé ce jour meme dans le courrier des lecteurs
    pouvez vous me le confirmer?
    c'est interessant que des réponses ( comme les votres) aient été réalisées
    cordialement jl

  • Jacques,

    J'ai cherché, sans trouver.
    Si tu veux rédiger un texte, en réaction avec ce que "l'Humanité" a récemment publié, la première réponse du SNCA, la tribune, nous la publierons.
    http://leblogdessalariesdescfa.hautetfort.com/archive/2014/01/21/a-propos-des-cfa-de-l-apprentissage-des-enseignants-5277886.html

  • bonjour,

    voila ci-dessous la réponse de l'humanité:

    Bonjour,

    L’essentiel (et non son intégralité) de votre lettre est ce matin dans le courrier des lecteurs de « l’Humanité » (page 20°.

    Cordialement.

    Dany Stive
    je pense que cela a été effectué
    amicalement à vous jl

  • bonjour,
    voici un article de localtis:

    2013, un mauvais cru pour l'apprentissage
    AlternancePublié le vendredi 31 janvier 2014

    Sous l'effet de la crise et de la concurrence des contrats aidés mis en place par l'Etat, l'apprentissage a connu en 2013 sa plus mauvaise année depuis 2005.

    Les services du ministère du Travail ont publié le 30 janvier 2014 les statistiques des contrats d'apprentissage pour décembre 2013, en même temps que le cumul pour l'ensemble de l'année écoulée. En dépit d'importantes variations mensuelles, ces chiffres révèlent un recul global de 8,14% par rapport à 2012, qui avait été, il est vrai, une année exceptionnelle avec plus de 295.000 contrats signés contre moins de 275.000 en 2013. Il faut remonter en 2005 pour trouver une activité aussi atone de l'apprentissage. La tendance était pourtant à la hausse durant les trois années précédentes. Les contrats de professionnalisation marquent eux aussi un coup d'arrêt sévère, avec 117.075 contrats signés en 2013, contre 124.173 en 2012, soit une baisse de 5,7%.
    Ces résultats à la baisse masquent toutefois d'importantes disparités entre les régions. Ainsi, la baisse a été particulièrement forte en Pays de Loire (-8,94%) et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (-7,43%) alors que l'on constate des progressions de 16% en Bretagne et de 15% en Alsace.
    La mauvaise conjoncture économique peut expliquer en partie ces mauvais résultats, tout comme la concurrence des contrats aidés, et notamment des emplois d'avenir, mis en place par le gouvernement. Les changements intervenus sur les aides publiques à l'apprentissage ont pu aussi décourager les entreprises. Ainsi, en juillet 2013, le gouvernement a décidé de supprimer l'indemnité compensatrice forfaitaire (ICF) qui correspond à un minimum de 1.000 euros par apprenti par an pour les entreprises, et qui est versée par les régions aux employeurs d'apprentis. Finalement, et face aux réactions des régions et des chambres de commerce et d'industrie, une aide à l'apprentissage de ce type a été maintenue mais uniquement pour les très petites entreprises de moins de dix salariés.
    Prévoyant d'atteindre un objectif de 500.000 apprentis d'ici 2017, contre 435.000 actuellement, le gouvernement a lancé une réforme de la taxe d'apprentissage, dans le cadre du projet de loi sur la formation professionnelle. Le texte prévoit une meilleure répartition de la taxe d'apprentissage. Il a été adopté avec quelques modifications par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale et sera débattu en séance publique à partir du 5 février. En revanche, le projet de loi n'entrera pas en vigueur avant 2015.

    Jean-François Guélain

    alors , si la baisse du nombre d'apprentis s'accelere en 2014, il y a du souci à se faire concernant les emplois dans les cfa
    il vaut bien mieux prevenir que guérir
    qu'en pensez vous????

  • Jacques,

    Que penses-tu de la réponse du SNCA ?

    http://snca-cgt.blogspot.fr/2014/01/y-t-il-une-inquietante-panne-de.html

  • bonsoir

    La réponse pointe du doigt effectivement l'ensemble des causes de cette panne;j'y ajouterais le fait suivant:
    le gouvernement a semble t-il la volonté d'une réforme plus profonde de l'apprentissage mais n'a pas ouvertement donné de dates;
    les responsables patronaux de l'UPA, de la CGPME sont peut etre en attente de savoir les véritables tenants et aboutissants; cela entraine aussi un attentisme des maitres d'apprentissage pour signer des contrats;
    ce n'est qu'une supposition car je suis retraité depuis 8 ans deja et les quelques collégues que je cotoye restent assez moroses
    cordialement jl

  • en janvier 2014 le nombre de contrats d'apprentissage en france a encore baissé; cela devient inquiétant pour tout le monde et notamment les agents des cfa;
    à ce rythme , l'objectif des 500 000 fin 2016 ne pourra pas etre atteint ( meme si le gouvernement souhaite faire le forcing au niveau de l'apprentissage dans le secteur public)

  • bonjour

    RSE MAGAZINE a accepté mes propositions pour une refonte ( et un sauvetage ) de la formation par l'apprentissage; c'est interessant de s'y pencher meme si certains points peuvent etre sujet à discussion:

    voici le lien :
    http://www.rse-magazine.com/De-l-importance-de-reconsiderer-la-formation-par-l-apprentissage-en-France_a579.html

  • Jacques, Il en faut du temps, de la patience, des efforts, pour que tu sois entendu - c'est notre cas aussi, tu le sais !

  • bonjour,


    loi sur l'apprentissage :LA MONTAGNE A ACCOUCHE D'UNE SOURIS §!!
    aucune annonce interessante si ce n'est simplement une prime de 2000 euros ;rien n'a été prévu pour les statuts des CFA et de leur personnel ; rien pour les tuteurs d'entreprise !!
    ce sont de pietres ajustements à strict minima !!
    rien non plus pour les jeunes apprentis ; ils ne peuvent pas se défendre
    rien pour les politiques d'apprentissage à moyen terme;
    rien pour les financements régionaux ou autres qui peuvent du jour au lendemain ne plus etre pérénnisés ( à cause des diminutions des dotations gouvernementales)

  • Jacques, Vous avez parfaitement raison. Nous allons en parler sur le blog. Le SNCA en parle déjà ici : http://snca-cgt.blogspot.fr
    Un bémol concernant la montagne et la souris ! Les employeurs ont obtenu de nouvelles aides. M

  • ARTICLE de la DARES qui constate une baisse inquiétante du nombre d'apprentis;

    Mauvais départ pour l’apprentissage en 2015 : - 19 % en janvier





    Après un rétablissement en fin d’année 2014, aboutissant à un résultat honorable, en baisse de 3,2 % (voir Apprentissage : un bilan 2014 honorable. Sauf à la Réunion et en Guyane), la publication par la DARES des chiffres de janvier traduisent un recul significatif

    dares.jpg

    Par rapport à janvier 2014 où 15 688 contrats avaient été enregistrés, nous en sommes à 12 714 contrats en janvier 2015, soit une baisse de 19 %

    Il est bien sur trop tôt pour savoir si nous sommes en présence d’une tendance, ou si c’est un simple effet d’un différentiel de pratique lié à la date de prise en compte de l’enregistrement des contrats en fin d’année, mais cela mérite pour le moins une vigilance.

    j'ai connaissance d'une baisse drastique de jeunes dans les CFA batiment

    cordiales pensées

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