Le quotidien économique publie aujourd'hui un article intitulé "Les Compagnons du Devoir inquiets pour leur avenir". Cet article est complémentaire d'un autre, dans lequel ce quotidien colporte les "analyses" et les objectifs du MEDEF. Selon ce quotidien, les propos de Jean-Claude Bellanger seraient clairement alarmistes : "si rien n'était fait, on risque de disparaître en 2016". Les 4 millions et demi d'euros qui pourraient manquer (et ce n'est pas certain) provoqueraient la disparition de l'AOCDTF, qui dispose pourtant de 80 millions d'euros de fonds propres.
En effet, la "réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage" qui a été mise en place n'a pas été soutenue par la CGT. Consultée en amont, pour faire semblant de faire du "dialogue social", l'Etat a fait comme d'habitude : il a décidé dès le départ de ce que serait "la réforme", et il a produit une "réforme" qui correspond à ce qu'il avait décidé. Il faut dire que la direction AOCDTF agit de manière semblable : en septembre 2014, le DRH de l'AOCDTF a déposé sur la "table de la négociation" pour "l'accord d'entreprise" des textes, a refusé tout ce que la CGT a proposé, et les représentants CFDT et CGC, qui sont des proches de la direction, ont validé les textes de la direction. Nous, nous sommes inquiets pour les salariés. Ils subissent parmi les pires conditions salariales, si nous comparons à d'autres organismes gestionnaires, moins importants, moins puissants, mais lesquels respectent des droits fondamentaux à leurs salariés, ce que l'AOCDTF ne fait pas. Elle conteste aux enseignants qu'ils soient des enseignants, pour les réduire à être des "formateurs" - et des auto-entrepreneurs aussi ? La convention collective de référence, des organismes de formation, est la pire, avec les salaires les plus bas, et ce pour les mêmes métiers que des enseignants de CFA privés ou de l'Education Nationale. Le CDII est utilisé, malgré l'absence d'alternance de périodes travaillées et non travaillées. Les conseils de perfectionnement, ou ne se tiennent pas, ou se tiennent sans que la CGT ne soit convoquée, informée, sauf exception. Les moyens syndicaux sont encore refusés. Dans une affaire dans laquelle l'enseignant, délégué syndical national CGT, a signalé des propos racistes et homophobes, la direction renverse la situation, en l'accusant de propos calomnieux, alors qu'elle a reconnu que des apprentis ont tenu de tels propos, dans un document officiel. Les ouvertures et fermetures de section pour la rentrée 2015/2016 nous sont cachées. Et c'est pourquoi nous pouvons craindre que les effets, réels ou supposés, de la réforme, sur le financement de l'association, soient utilisés contre les salariés, et ce alors que l'association dispose de fonds propres importants. Concernant cette "réforme", elle a été demandée par le patronat, et une partie de ces principes vient de celui-ci. Mais dès lors qu'elle est mise en oeuvre, et qu'elle va provoquer des problèmes, le patronat oublie ses propres responsabilités, et il peut compter sur des médias pour répéter ses mensonges ou ses erreurs. Comme la réforme sur la formation professionnelle, contre laquelle la CGT s'est exprimée et a agi, cette réforme sur l'apprentissage n'est ni à la hauteur ni bonne, sans être dramatique. Mais la bonne vieille communication patronale est de crier à l'incendie, et ce afin d'obtenir toujours plus de droits, sur et contre les apprentis, sur et contre les salariés. Et ce alors que ce sont ceux-ci qui peuvent se plaindre des mauvaises politiques : de l'Etat, des Conseils Régionaux qui, pour l'instant, n'ont toujours pas fait évoluer leur convention quinquennale, et celle de l'Association, qui consiste à mépriser et écraser les salariés.