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  • L'affiche du SNCA-CGT au siège national de l'AOCDTF

     

     

     

    Pourquoi en parler ? C'est une première. Cette affiche doit pouvoir être visible sur le panneau syndical de chaque CFA de l'AOCDTF. Si cette affiche n'était pas visible sur le panneau syndical de votre CFA début 2014, vous pouvez nous écrire pour nous la demander, pour nous indiquer l'adresse du CFA concerné.

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  • Une famille qui voulait placer leur fille en Prépa Métier au sein de l'AOCDTF interpelle la direction sur l'échec - comme nous

  • Financement de l'apprentissage : Servitaxe au sein de l'AOCDTF

     

     

     

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  • Un accord d'entreprise : oui, mais une négociation à partir de mars 2014, pour un contenu pas encore déterminé, etc

     

     

     

     

    La réunion du mercredi 20 Novembre 2013 au siège de l'association à Paris a permis de fixer un premier calendrier. Une première réunion de négociation interviendra fin mars. Pour le périmètre de la négociation, c'est-à-dire la liste des thèmes, il faut encore attendre un mois avant de connaître ce que la direction de l'AOCDTF accepte - ou non, de négocier. Il s'agit là de ce que le délégué syndical a pu noter - puisque, hélas, aucun moyen d'enregistrement des échanges n'a été utilisé, et aucun PV contresigné et remis aux organisations syndicales n'a été élaboré. Il s'agit là d'une habitude que la CGT conteste constamment. 

     

     

     

     

  • La direction de l'AOCDTF va t-elle commettre un délit d'entrave et une discrimination contre le délégué syndical CGT ?

     

     

     

     

    C'est que, mercredi 20, jeudi 21, à Paris, se tiennent : la première réunion pour la préparation d'un nouvel accord d'entreprise, la réunion mensuelle du CE. La direction a refusé jusqu'à aujourd'hui la réservation de l'aller-retour, au motif de l'absence au précédent CE de l'élu CGT, en exigeant le remboursement de cet aller-retour. La CGT s'est adressée à la direction, en rappelant qu'il y aurait là un délit d'entrave (libre circulation des élus) et une discrimination (les autres élus ont leur billet aller/retour pris en charge). Les dossiers "Entraves" et "Discrimination" ne cessent d'augmenter. Le nouveau Premier Conseiller, M. Nauleau, est interpellé sur cette situation, dont il "hérite" sans en être jusqu'ici responsable, étant donné que de telles décisions sont effectuées principalement par la DRH. 

  • Les Olympiades des Métiers dirigés par M. Guisembert auraient refusé la présence des organisations syndicales en leur sein

     

     

    Depuis l'année passée, la CGT a fait le constat que l'organisation nationale et internationale COFOM, Wordskills, reconnue et soutenue par l'Etat et les Régions, qui organise les "Jeux Olympiques de l'Apprentissage" excluent les organisations syndicales de son fonctionnement, alors que des Ministères, des Régions, des organisations patronales siègent. Le SNCA s'est adressé à des organisations membres du CA. Le Président actuel du COFOM, M. Guisembert, ex premier conseiller, a demandé au SNCA la ou les justifications d'une telle demande, ce qui a été fait par le courrier ci-dessous. La réponse de M. Guisembert est arrivée il y a quelques jours : la demande est rejetée, sans explications, et "à l'unanimité", des "membres du conseil d'administration". Si cela est vrai, cela signifierait que des ministères, des régions, et des organisations patronales (!) ont refusé qu'une telle organisation soit elle aussi "paritaire" ! La CGT va procéder à la vérification de cette "unanimité" et va demander à ces membres qui auraient voté de nous expliquer le ou les motifs de leur refus de cette demande. 


  • Nos excuses pour les problèmes de nature et de taille des caractères dans les notes ces derniers jours

     

     

     

    C'est un incident étonnant : quelques notes, parmi les plus récentes, les plus lues, et les plus gênantes pour certains, ont été pendant quelques jours apparemment illisibles. Problème informatique ou malveillance, nous veillerons à ce que ce problème ne se reproduise plus.

  • Nous remercions et félicitons les Compagnons qui nous écrivent

     

     

     

     

    Suite à nos récentes publications (Histoire du Compagnonnage, de l'AOCDTF, appel à un rapprochement entre syndicalisme et compagnonnage), nous tenons à remercier et à féliciter les Compagnons, d'où qu'ils soient, qui nous ont écrit. Nous parlerons prochainement de ces échanges qui commencent, des perspectives qui s'annoncent.

  • C'est officiel : le SNCA-CGT est le syndicat pour les CFA et pour la section CGT AOCDTF

  • Agricol Perdiguier, "Comment Constituer la République", un texte que nous commenterons prochainement

  • Nous soutenons les travailleurs de l'Inspection du Travail face au projet patronal

     

     

     

     

    Pour son domaine d'action, de surveillance, de contrôle, l'Inspection du Travail est le corps de l'Etat qui a été le plus affaibli ces 20 dernières années. Entre les inspecteurs, inspectrices, contrôleurs, contrôleuses, ce sont à peine plus de 2000 personnes qui doivent travailler sur l'ensemble de la France. Eu égard au nombre d'entreprises, de salariés, le ratio est l'un des plus faibles du monde, à peine au-dessus du Bangladesh. Les droits de l'Inspection ont été considérablement réduits. Comparés à d'autres pays, qui ne sont pas l'URSS, ils ne peuvent même pas mettre à l'amende immédiatement un dirigeant, des dirigeants, en faute. Le travail de sape de l'Inspection du Travail a consisté à placer ceux-ci dans une situation de quasi immunité - et ils en réclament toujours plus. Le monde du travail serait celui qui échappe au Droit, aux droits et devoirs, avec des sanctions à la clé. Le plan Sapin a été rejeté par tous les salariés et tous les syndicats de l'Inspection, qui sont mobilisés contre lui. Résultat : le gouvernement s'entête à vouloir en faire la réalité de l'Inspection demain. Nous interpellons les salariés et les élus sur ce plan néfaste, qui doit être contredit. Il faut soutenir les travailleurs de l'Inspection du Travail. Nous vous invitons à écrire aux DIRECCTE pour faire connaître à ces agents votre soutien.

    Il faut, au contraire, augmenter le nombre d'intervenants, leur donner des moyens supplémentaires, des droits nouveaux. Beaucoup trop de dirigeants d'entreprise se vivent, se pensent, et se veulent au-dessus des lois. La délinquance patronale existe, et elle est souvent minimisée, protégée. Il ne peut pas y voir deux poids, deux mesures, contre la déliquance : quelle qu'elle soit, elle doit être sanctionnée. Les petits délinquants sont des enfants de coeur à côté de certains dirigeants d'entreprise, d'équipes de direction. 

  • L'UIMM : le corrupteur n'a aucune crédibilité, à la différence de l'enquête

     

     

    Ces dernière semaines, s'est tenue à Paris un procès important : celui de quelques dirigeants de l'UIMM, mis en cause pour une "caisse noire" et son usage. L'enquête a établi que pendant 7 ans, de 2000 à 2007 (mais quid de ce qui s'est passé avant, depuis la création d'une structure spécifique, en 1972), plusieurs millions d'euros (16 au moins) ont été sortis en liquide, et répartis entre... entre... -entre qui ? Le principal mis en cause, M. Denis Gautier-Sauvagnac a utilisé des formules "mondaines" pour expliquer la raison de ces sommes en liquide, la "fluidification du dialogue social". La pieuvre italienne peut apprendre de cette rhétorique patronale, pour justifier ses propres actions de corruption. Le principal mis en cause, M. Gautier-Sauvagnac, s'est refusé obstinément pendant l'enquête et le procès à donner le moindre nom, mais a tenu lors de ce procès, comme ses avocats, à mettre tout le monde dans le même panier, c'est-à-dire LES syndicats. Or l'enquête a établi que ce sont DES syndicats et non LES qui auraient perçu des fonds importants pour les rendre enclin à soutenir des projets patronaux - mais pas la CGT. La presse de masse a copié/collé les propos du corrupteur/accusateur pour titrer, comme ici : "L'UIMM a bien versé de l'argent aux syndicats". Or tant l'enquête que les aveux d'un serviteur du MEDEF, M. Bernard Giroux, lequel déclare ici : "Ensuite, depuis la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide, il y avait, au patronat, un militantisme anticommuniste très important. Depuis cette époque, l’UIMM était formatée pour financer tous ceux qui pouvaient contrer l’influence du communisme et ça s’est développé dans les années 1970 avec François Ceyrac [NDLR : patron du CNPF de 1972 à 1981]. Cela paraissait normal à l’époque. L’UIMM a servi à tout le monde, sauf au Parti communiste, jusqu’en 1981", qu'elle était une "officine en charge des financements d’opérations pour contrer l’influence de la CGT et du PCF". Par contre, il tente de faire croire que après cette période, la CGT (comme le PCF) aurait été approchée et aurait succombé aux Sirènes patronales, mais comment explique t-il les positions constantes et fermes de la CGT qui a refusé toutes les régressions économiques et sociales depuis trente ans, sur les retraites comme sur le droit du travail (comme le prouve la position de la CGT lors de l'ANI 2013) ? Certains syndicats ont-ils reçu une partie de cet argent ? C'est possible, et l'enquête a établi des versements à CERTAINS syndicats mais pas à la CGT. Par contre, cette caisse noire anti-grève a certainement servi à supporter des entreprises confrontées à des grèves importantes. Ce que les syndicats ne font pas (avoir une caisse de grève pour permettre aux salariés d'affronter une période aussi difficile), le patronat l'a fait, et depuis longtemps. Elle a aussi servi à soutenir des élus, des responsables politiques, favorables à ce patronat. La CGT n'est pas à vendre, la CGT n'est pas disponible pour être achetée, vendue. Nous dénonçons les amalgames qui tendent à mettre dans le même sac les innocents et les coupables. Nous dénonçons une volonté de salir et d'affaiblir le syndicalisme, alors que ce sont les coupables qui se permettent de vouloir diminuer leurs fautes en mêlant tout le monde à leurs actions interdites. L'enquête n'a sans doute pas été à la hauteur des enjeux, mais les moyens de la police et de la justice sont-ils suffisants pour cela ? Voici le communiqué de la CGT sur le sujet : 



    Le procès de plusieurs dirigeants de l’UIMM (ils sont 10 plus 5 témoins assistés) ainsi que la fédération patronale fait la une de l’actualité depuis plusieurs jours.

    Alors que ce sont les dirigeants patronaux qui ont été envoyés en correctionnel suite à une instruction menée par le juge Roger Le Loir, on assiste à une opération visant à transférer le problème vers les organisations syndicales de salariés, et étudiantes dans une moindre mesure. Celle-ci est relayée dans les médias audiovisuels, dans une partie de la presse, etc. Cette campagne médiatique interpelle et peut perturber les salariés. Il faut donc rétablir les faits.

    (Lire le communiqué de la CGT)

    Les articles et documents publiés par la presse mettent en lumière de nombreuses pratiques financières très souvent illégales, organisées et orchestrées par l’UIMM et dont les premiers bénéficiaires sont les anciens dirigeants de l’UIMM eux-mêmes.

    Primes occultes, frais de représentation et travail dissimulé

    Il est rapporté, selon des sources judiciaires (l’ordonnance de renvoi en correctionnel) que tous ces dirigeants de l’UIMM, en plus de salaires très importants, s’octroyaient des primes en espèces chaque année pouvant atteindre 27 000 euros. D’autres versements en chèques sont évoqués avec des montants plus importants dépassant pour certains les 100 000 euros. A cela s’ajoutaient des frais de représentation et bien d’autres choses.

    L’UIMM aurait, quant à elle, pratiqué le travail dissimulé et des opérations financières douteuses en interne. Dans ces conditions, il est de bonne guerre que messieurs Denis Gautier Sauvagnac, délégué général puis président de l’UIMM et son compère Dominique Dominique De la Lande de Calan, délégué général adjoint tentent de détourner les projecteurs vers d’autres questions et problématiques que leur propre responsabilité.

    Une caisse anti-grève de 600 millions d’euros

    Quelques rares médias évoquent une caisse anti-grève de 600 millions d’euros qui servait, comme son nom l’indique, à aider les directions d’entreprise lors de conflits du travail. Cet argent permettait de rembourser les journées de travail « perdues ». Ces faits seraient confirmés par des DRH de grandes entreprises comme PSA par exemple à propos du conflit d’Aulnay en 2007. D’ailleurs, les dirigeants de l’UIMM ne s’expriment jamais là dessus.

    L’enquête ne révèle aucun versement à une structure de la CGT

    La cellule du Tracfin (Traitement et Actions Courtes contre les Circuits Financiers Clandestins), un service dépendant du ministère de l’Economie et des Finances, a mis en évidence cette financiarisation opaque. Elle évoque également des flux financiers entre l’UIMM et les syndicats de salariés mais aussi étudiants.

    Dans son enquête, le Tracfin a perquisitionné les locaux de l’UIMM et de tous les différents syndicats, fédérations voire confédérations, hormis ceux de la fédération CGT et de la confédération CGT. 
    Dans la période concernée, soit 2000 à 2007, l’instruction a constaté qu’il n’y a pas eu de versement supérieur à 500€ (cette somme étant le minima des montants vérifiés) de la part de l’UIMM à ces organisations de la CGT,. C’est la raison pour laquelle la fédération CGT de la métallurgie comme la confédération CGT n’ont pas suscité d’intérêts aux yeux de cette cellule policière. 
    Toutes les autres organisations syndicales ont, semble t-il et selon l’enquête, reçu des versements. Ces affirmations ont été démenties par les syndicats. Ainsi, officiellement, la FGMM CFDT a publié un communiqué indiquant qu’elle avait reçu la somme de 21 626,13 euros de 2002 à 2006, correspondant à des remboursements de frais de participation à des réunions paritaires. 
    Pour sa part, en revanche la FTM CGT fait savoir que ces remboursements lui ont toujours été refusés jusqu’à il y a 3 ans. « Il a fallu attendre l’année 2010 avec la négociation et la signature d’un accord sur l’exercice du droit syndical pour que nous puissions percevoir ces remboursements. Ils sont limités dans l’accord à 20 000 euros par an, sur présentation de factures ou titres de transport bien évidemment », précise la CGT Métallurgie.

    Des financements politiques

    Des médias évoquent des liens et des financements politiques comme le RPR du temps de Jacques Chirac. Il faut dire que Dominique De la Lande de Calan est un proche d’Alain Madelin et a été élu régional RPR en Bretagne.

    La CGT Métallurgie entend faire respecter sa probité

    L’avocat de M Gautier-Sauvagnac, a indiqué sur les ondes de France Inter le 15 octobre 2013, que son client ne livrera pas de noms sur cette affaire, qu’il convient pour la sérénité nationale de la profession, de ne pas aller vers un "grand déballage"et qu’il ne souhaite pas trahir des gens avec qui il a noué des bonnes relations.

    Au contraire, "la FTM-CGT souhaite que la justice détermine avec précision les montants exacts et les bénéficiaires de ce financement illégal, et bien sûr, qu’elle sanctionne sévèrement ceux qui ont commis ces infractions à la loi.

    La lumière doit également être faite sur les 600M€ de l’UIMM ponctionnés dans les entreprises et qui auraient servi de caisse anti-grève pour le patronat. Il faut que la justice détermine les entreprises bénéficiaires, ainsi que les montants octroyés.

     

    Au regard de cette affaire scandaleuse, tant pour le milieu patronal que syndical, la FTM-CGT entend faire valoir ses droits et elle fera respecter sa probité dans ce dossier. 
    Nous prendrons toutes les mesures nécessaires et possibles, y compris juridiques, pour y parvenir."

  • Syndicalisme et Compagnonnage, un travail pour un rapprochement

     

     

     

    Après les deux récentes publications, à la fois sur la fondation de l'AOCDTF pendant la seconde guerre mondiale, sur Agricol Perdiguier, notre section CGT entend faire savoir qu'elle va travailler dans les prochains mois sur le sujet du rapprochement entre le Syndicalisme, que nous représentons ici, avec d'autres, et le Compagnonnage. Nous allons prendre des contacts avec différentes organisations, différentes personnes sur le sujet et nous vous tiendrons au courant de ces démarches et de leurs résultats.

  • Agricol Perdiguier, "Le discours contre les 12 heures" et contre les salaires trop bas, une science économique abstraite, l'instrumentalisation de la concurrence, etc

    Agricol Perdiguier est né en 1805, le 3 décembre, lendemain de la bataille d'Austerlitz, à Morières. Son père était menuisier, et sa mère couturière. Il est né au sein d'une famille nombreuse. D'une famille à la fois républicaine et favorable au 1er Empire, le retour des Bourbons et de la noblesse, avec la seconde terreur blanche (ignorée comme la première par les livres d'Histoire), son père est emprisonné. C'est en 1820 qu'il débute son Tour de France. Il est élu premier compagnon en 1927, alors qu'il vit et travaille à Lyon. Il s'instruit beaucoup et travaille déjà au rapprochement entre Compagnons, qui, à l'époque, s'opposent, et se battent parfois. C'est en 1839 qu'il publie le Livre du Compagnonnage, dont nous parlerons dans une prochaine note. Lorsque la Révolution de 1848 fait tomber Louis Philippe, il s'engage dans la représentation politique, puisqu'il est élu représentant du peuple, dans le Vaucluse et dans la Seine (qu'il choisit). A l'Assemblée Nationale, le 8 septembre 1948, il prononce un discours, dit "contre les 12 heures de travail". Vous le trouvez ci-après. C'est un texte remarquable. Au-delà de ce que dit Agricol Perdiguier, nous ne pouvons qu'être stupéfaits de constater que en plus de 160 ans, les problèmes économiques fondamentaux de la France restent les mêmes, et qu'aujourd'hui encore, une frange active du patronat et des rentiers soutient ce que Agricol Perdiguier dénonce dans son discours, les bas salaires, la baisse des salaires, une augmentation du temps de travail sans salaire. Voici ce qu'il écrit : 

    "Le décret du 2 mars était une conquête des ouvriers; ils croyaient que le travail serait dorénavant pour eux moins meurtrier et le salaire assez élevé pour qu'il leur fût possible de vivre en travaillant Cependant ce décret, qui leur donnait espoir, va être abrogé. "(...) Il cite la parabole de Lammenais : Voyant, dit-il, que les hommes s'étaient partout multipliés, et que leur multitude était innombrable, un homme se dit : Je pourrais bien peut-être en enchainer quelques-uns, et les forcer à travailler pour moi mais il les faudrait nourrir, et cela diminuerait mon gain. Faisons mieux! Ils mourront, à la vérité; mais, comme leur nombre est grand, j'amasserai des richesses avant qu'ils aient diminué beaucoup, et il en restera toujours assez. Or toute cette multitude vivait de ce qu'elle recevait en échange de son travail. Ayant donc parlé de la sorte, il s'adressa en particulier a quelques-uns et leur dit: Vous travaillez pendant six heures, et l'on vous donne une pièce de monnaie pour voire travail. Travaillez pendant douze heures, et vous gagnerez deux pièces de monnaie, et vous vivrez bien mieux, vous, vos femmes et vos enfants, et ils le crurent. Il leur dit ensuite Vous ne travaillez que la moitié des jours de l'année; travaillez tous les jours de l'année, et votre gain sera double, et ils le crurent encore. Or, il arriva de là que la quantité de travail étant devenue trop grande de moitié, sans que le besoin de travail fût plus grand, la moitié de ceux qui vivaient auparavant de leur labeur ne trouvèrent plus personne qui les employât. Alors, l'homme méchant qu'ils avaient cru leur dit. Je vous donnerai du travail à tous, à la condition que vous travaillerez le même temps, et que je ne vous payerai que la moitié de ce que je vous payais; car je veux bien vous rendre service, mais je ne veux pas me ruiner. Et comme ils avaient faim, eux, leurs femmes et leurs enfants, ils acceptèrent les propositions de l'homme méchant, et ils le bénirent car, disaient-ils, il nous donne la vie. Et, continuant de les tromper de la même manière, l'homme méchant augmenta toujours plus leur travail, et diminua toujours plus leur salaire. Et ils mouraient faute du nécessaire, et d'autres s'empressaient de les remplacer car l'indigence était devenue si profonde dans ce pays, que les familles entières se vendaient pour un morceau de pain. Et l'homme méchant, qui avait menti à ses frères, amassa plus de richesses que l'homme méchant qui les avait enchaînés.." Il ajoute : "Le fond de la question est la, messieurs, là tout entier. Plus l'ouvrier travaille, moins il gagne moins il gagne, moins il consomme, moins il consomme, plus il souffre, et plus il souffre, plus nous approchons des révolutions. il ne faut pas dire que la République est la cause du mal il est plus vrai de dire que la République est venue, parce que le mal était intolérable pour le grand nombre."

    Agricol Perdiguier défend clairement l'inverse : il faut travailler moins et gagner plus, avec une meilleure répartition du "numéraire"

    Son constat, pour 1848, est toujours valable : "Le prix du travail, de la main d'oeuvre n'étant dus en rapport avec le prix de tout ce qui est nécessaire à vie du travailleur, it y a en déplacement de 'a richesse les uns se sont ruines en publique, travaillant, les autres sont devenus les maîtres de tout en ne travaillant pas.

    Il a parfaitement compris que le dirigeant renversé par la Révolution a écouté les conseils de ce qu'il appelle une "économie politique" : L'économie po!itique qui a, pendant dix-sept ans, fait la cour a Louis-Philippe" porte une grande responsabilité dans la situation dramatique des travailleurs. Il ajoute, mettant en cause le cynisme des dirigeants qui s'appuient sur les concurrences internationales : "le mal qu'elle a fait (l'économie politique), elle est impropre à le réparer; elle ne peut que l'aggraver encore. On ne veut pas que dix heures de travail, qui met ta journée à douze heures, en y comprenant le temps de manger, soit assez longue pour le travailleur; on ne veut pas que le salaire de l'ouvrier soit relevé; on pense que cela nuirait à notre commerce et nous mettrait dans t'impossibilité de soutenir la concurrence avec les étrangers. Ainsi maintenons, excitons la concurrence. Les fabricants anglais disent à leurs ouvriers les Français livrent la marchandise à plus bas prix que nous, ils vendent et nous ne vendons pas il faut donc vous résoudre à voir baisser votre salaire, faute de quoi, plus de travail, et partant, plus de pain et l'ouvrier cède. Les fabricants français disent à leurs ouvriers Les ouvriers anglais viennent de consentir à une baisse de salaire il faut vous résoudre à travailler à meilleur marché qu'eux si vous voûtez que nous puissions vendre. Consentez, ou sinon plus d'ouvrage; et l'ouvrier consent.Les mêmes arguments sont tour à tour en ployés en Angleterre et en France" ! 

    Il constate que cette loi de la concurrence vaut pour certains métiers, quand d'autres sont protégés, et il en appelle, dans l'esprit de la République, à une égalité de traitement. Si certains doivent accepter une concurrence dans le travail, il demande à ce qu'il en soit ainsi pour certains métiers socialement réservés. "Enfin, ceux qui veulent conserver, exciter la concurrence criminelle de nos jours, sont-ils vraiment sincères? Ceux qui veulent mettre en concurrence les travailleurs avec les travailleurs, ceux qui veulent mettre les tournées au rabais et les adjudications au rabais, sont-ils vraiment conséquents avec leurs principes? S'il en est ainsi, introduisons la concurrence partout. Mettons à l'adjudication les places de procureurs, d'avocats pro- généraux, de résidents de cours criminelles, celles de professeurs et de tous les employés de l'Etat choisissons, en toute chose, ceux qui voudront travailler au plus bas prix, et exigeons d'eux le bon marché et des travaux de quelque valeur. Faisons en sorte que le gouvernement soit a bon marché, que les denrées soient à bon marché, et alors les ouvriers pourront travailler à bon marché et soutenir la concurrence sons être réduits à pâtir ou a mourir de faim." Evidemment, il prend au jeu de leur rhétorique ceux qui veulent toujours plus d'avantages et de sécurités juridiques et économiques, en imposant aux autres précisément le contraire. 

    Il ajoute, et c'est remarquable : "Et pourquoi? Parce le le salaire a été trop bas; parce quête numéraire s'est retiré dans un petit nombre de mains parce q je les moyens ont d'échange manqué aux populations, et partant, tous les producteurs ont souffert, ont pâti et pâtissent, faute de pouvoir s'aider les uns les autres. La France est riche, plus riche que jamais le peuple souffre, il souffre plus que jamais, et son avenir est effrayant. Pourquoi cela, messieurs? en serait-il ainsi si nous étions justes, si nous étions humains et fraternels? Non, il n'en serait pas ainsi." En 1848 ! 

    Il met en cause une science économique partielle et partiale, et nous entendons aujourd'hui encore dans les médias la même parole, plus de 160 ans après ! 

    "Des statistiques nous en faisons, nous aussi, et voici comment :  Nous disons Il y a quinze ans, on payait la façon de cet ouvrage tant; aujourd'hui, on le paye tant; il y a baisse. II y a quinze ans, on payait la viande, le bois, les loyers, tant; aujourd'hui, on les paye tant; il y a hausse. Ainsi l'ouvrier reçoit moins d'argent pour son travail, il faut qu'il en débourse davantage pour se nourrit et se loger, donc il est de plus en plus malheureux." Et concernant ce décalage entre des salaires qui stagnent ou régressent et des prix qui augmentent, on croirait lire un texte de nos jours ! 

    Il constate et dénonce la stupidité d'une non répartition de la possibilité d'acheter les biens produits : "Oui, et je le veux bien, il y a quatre fois plus d'objets qui sont, ou qui devraient être utiles à tout le monde; oui, les riches ne peuvent agrandir ni leurs corps, ni leurs estomacs, et ils ne peuvent tout consommer eux seuls. Et que résulte-t-il de cela? C'est que les riches, qui ne peuvent agrandir ni leurs corps, ni leurs estomacs, ne peuvent consommer qu'une partie des produits; c est que les pauvres, malgré qu'ils aient un corps et un estomac, ne peuvent, vu leur pauvreté,vu leurs salaires toujours plus insuffisants, user la partie des produits qui devraient leur être attribués, ainsi les magasins s'emplissent, et ne peuvent désemplir, parce que le grand nombre ne peut plus consommer." Et comme nous pouvons le lire, Agricol Perdiguier ne fait pas de métaphores : il nomme les "riches" "les riches", parce qu'ils accumulent, numéraires, actifs, valeurs. 

    A l'inverse, il explique les bénéfices nationaux de cette distribution de la richesse produite : 

    "Plus de salaires, plus de consommation de la part du plus grand nombre, et partant, plus d'échange, plus de commerce. Si l'ouvrier reçoit un salaire équitable, s'il touche un argent qu'il a gagné à la sueur de son front, cet argent, il ne le cache pas dans la terre, il le dépense il se nourrit alors un peu mieux, il se vêt, il se meuble, il se procure des livres, il envoie ses enfants à l'école, il leur donne les soins qu'ils méritent. L'argent gagné et dépensé par les ouvriers fait travailler les aubergistes, les tailleurs, les cordonniers les chapeliers, les fabricants de meubles, les marchands de toiles et d'étoffés, les instituteurs, les imprimeurs, les libraires, les boutiquiers de toutes sortes. Ceux-ci se font encore travailler les uns les autres, font travailler d'autres travailleurs. 'l'outes les industries, toutes les sciences, tous les arts en profitent, et je n'excepte ni les théâtres ni les autres lieux de divertissement. Comme chacun mange et boit, le cultivateur vend ses denrées pour se procurer ensuite les produits des villes qui consomment les siens. Chacun paye alors son loyer ou son fermage, l'Etat perçoit les impôts directs et indirects, riches et pauvres s'en trouvent bien, et la vie circule dans la société."

    Il confirme sa critique des "économistes" et défend une durée raisonnable du travail quotidien : 

    "A entendre les économistes, on dirait que la France ne peut exister que sur la ruine de ses ouvriers et la mort de son peuple. (...) Une trop longue journée énerve l'ouvrier, et nuit à tous ses intérêts et à tous ses besoins; "

    Il conclut : "Citoyens représentants, je suis ouvrier, moi, un ouvrier véritable, et si M. Charles Dupin et M. Buffet pouvaient en douter, je suis prêt à leur donner des preuves de ma capacité dans ma partie. Cependant, je suis pour la diminution de la longueur de la journée (...)"

    D'autres notes seront prochainement publiées à son sujet, que ce soit sur ses ouvrages, discours, sa vie, puisqu'il faut rappeler que, en raison de son échec dans ses projets politiques (échec partagé avec des millions de travailleurs et de citoyens engagés), il a terminé sa vie dans la misère la plus profonde. Sa dépouille sera accompagnée par des milliers d'hommes et de femmes jusqu'au Père Lachaise où il est enterré. 

    Voici donc ce qu'a pensé et écrit un des plus importants représentants du Compagnonnage à l'époque moderne concernant le travail, le temps de travail, le salaire, l'économie en tant que réalité et en tant que "science".