Compagnonnage - Page 4
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Une famille qui voulait placer leur fille en Prépa Métier au sein de l'AOCDTF interpelle la direction sur l'échec - comme nous
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Nous remercions et félicitons les Compagnons qui nous écrivent
Suite à nos récentes publications (Histoire du Compagnonnage, de l'AOCDTF, appel à un rapprochement entre syndicalisme et compagnonnage), nous tenons à remercier et à féliciter les Compagnons, d'où qu'ils soient, qui nous ont écrit. Nous parlerons prochainement de ces échanges qui commencent, des perspectives qui s'annoncent.
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Agricol Perdiguier, "Comment Constituer la République", un texte que nous commenterons prochainement
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Syndicalisme et Compagnonnage, un travail pour un rapprochement
Après les deux récentes publications, à la fois sur la fondation de l'AOCDTF pendant la seconde guerre mondiale, sur Agricol Perdiguier, notre section CGT entend faire savoir qu'elle va travailler dans les prochains mois sur le sujet du rapprochement entre le Syndicalisme, que nous représentons ici, avec d'autres, et le Compagnonnage. Nous allons prendre des contacts avec différentes organisations, différentes personnes sur le sujet et nous vous tiendrons au courant de ces démarches et de leurs résultats.
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Agricol Perdiguier, "Le discours contre les 12 heures" et contre les salaires trop bas, une science économique abstraite, l'instrumentalisation de la concurrence, etc
Agricol Perdiguier est né en 1805, le 3 décembre, lendemain de la bataille d'Austerlitz, à Morières. Son père était menuisier, et sa mère couturière. Il est né au sein d'une famille nombreuse. D'une famille à la fois républicaine et favorable au 1er Empire, le retour des Bourbons et de la noblesse, avec la seconde terreur blanche (ignorée comme la première par les livres d'Histoire), son père est emprisonné. C'est en 1820 qu'il débute son Tour de France. Il est élu premier compagnon en 1927, alors qu'il vit et travaille à Lyon. Il s'instruit beaucoup et travaille déjà au rapprochement entre Compagnons, qui, à l'époque, s'opposent, et se battent parfois. C'est en 1839 qu'il publie le Livre du Compagnonnage, dont nous parlerons dans une prochaine note. Lorsque la Révolution de 1848 fait tomber Louis Philippe, il s'engage dans la représentation politique, puisqu'il est élu représentant du peuple, dans le Vaucluse et dans la Seine (qu'il choisit). A l'Assemblée Nationale, le 8 septembre 1948, il prononce un discours, dit "contre les 12 heures de travail". Vous le trouvez ci-après. C'est un texte remarquable. Au-delà de ce que dit Agricol Perdiguier, nous ne pouvons qu'être stupéfaits de constater que en plus de 160 ans, les problèmes économiques fondamentaux de la France restent les mêmes, et qu'aujourd'hui encore, une frange active du patronat et des rentiers soutient ce que Agricol Perdiguier dénonce dans son discours, les bas salaires, la baisse des salaires, une augmentation du temps de travail sans salaire. Voici ce qu'il écrit :
"Le décret du 2 mars était une conquête des ouvriers; ils croyaient que le travail serait dorénavant pour eux moins meurtrier et le salaire assez élevé pour qu'il leur fût possible de vivre en travaillant Cependant ce décret, qui leur donnait espoir, va être abrogé. "(...) Il cite la parabole de Lammenais : Voyant, dit-il, que les hommes s'étaient partout multipliés, et que leur multitude était innombrable, un homme se dit : Je pourrais bien peut-être en enchainer quelques-uns, et les forcer à travailler pour moi mais il les faudrait nourrir, et cela diminuerait mon gain. Faisons mieux! Ils mourront, à la vérité; mais, comme leur nombre est grand, j'amasserai des richesses avant qu'ils aient diminué beaucoup, et il en restera toujours assez. Or toute cette multitude vivait de ce qu'elle recevait en échange de son travail. Ayant donc parlé de la sorte, il s'adressa en particulier a quelques-uns et leur dit: Vous travaillez pendant six heures, et l'on vous donne une pièce de monnaie pour voire travail. Travaillez pendant douze heures, et vous gagnerez deux pièces de monnaie, et vous vivrez bien mieux, vous, vos femmes et vos enfants, et ils le crurent. Il leur dit ensuite Vous ne travaillez que la moitié des jours de l'année; travaillez tous les jours de l'année, et votre gain sera double, et ils le crurent encore. Or, il arriva de là que la quantité de travail étant devenue trop grande de moitié, sans que le besoin de travail fût plus grand, la moitié de ceux qui vivaient auparavant de leur labeur ne trouvèrent plus personne qui les employât. Alors, l'homme méchant qu'ils avaient cru leur dit. Je vous donnerai du travail à tous, à la condition que vous travaillerez le même temps, et que je ne vous payerai que la moitié de ce que je vous payais; car je veux bien vous rendre service, mais je ne veux pas me ruiner. Et comme ils avaient faim, eux, leurs femmes et leurs enfants, ils acceptèrent les propositions de l'homme méchant, et ils le bénirent car, disaient-ils, il nous donne la vie. Et, continuant de les tromper de la même manière, l'homme méchant augmenta toujours plus leur travail, et diminua toujours plus leur salaire. Et ils mouraient faute du nécessaire, et d'autres s'empressaient de les remplacer car l'indigence était devenue si profonde dans ce pays, que les familles entières se vendaient pour un morceau de pain. Et l'homme méchant, qui avait menti à ses frères, amassa plus de richesses que l'homme méchant qui les avait enchaînés.." Il ajoute : "Le fond de la question est la, messieurs, là tout entier. Plus l'ouvrier travaille, moins il gagne moins il gagne, moins il consomme, moins il consomme, plus il souffre, et plus il souffre, plus nous approchons des révolutions. il ne faut pas dire que la République est la cause du mal il est plus vrai de dire que la République est venue, parce que le mal était intolérable pour le grand nombre."
Agricol Perdiguier défend clairement l'inverse : il faut travailler moins et gagner plus, avec une meilleure répartition du "numéraire".
Son constat, pour 1848, est toujours valable : "Le prix du travail, de la main d'oeuvre n'étant dus en rapport avec le prix de tout ce qui est nécessaire à vie du travailleur, it y a en déplacement de 'a richesse les uns se sont ruines en publique, travaillant, les autres sont devenus les maîtres de tout en ne travaillant pas."
Il a parfaitement compris que le dirigeant renversé par la Révolution a écouté les conseils de ce qu'il appelle une "économie politique" : L'économie po!itique qui a, pendant dix-sept ans, fait la cour a Louis-Philippe" porte une grande responsabilité dans la situation dramatique des travailleurs. Il ajoute, mettant en cause le cynisme des dirigeants qui s'appuient sur les concurrences internationales : "le mal qu'elle a fait (l'économie politique), elle est impropre à le réparer; elle ne peut que l'aggraver encore. On ne veut pas que dix heures de travail, qui met ta journée à douze heures, en y comprenant le temps de manger, soit assez longue pour le travailleur; on ne veut pas que le salaire de l'ouvrier soit relevé; on pense que cela nuirait à notre commerce et nous mettrait dans t'impossibilité de soutenir la concurrence avec les étrangers. Ainsi maintenons, excitons la concurrence. Les fabricants anglais disent à leurs ouvriers les Français livrent la marchandise à plus bas prix que nous, ils vendent et nous ne vendons pas il faut donc vous résoudre à voir baisser votre salaire, faute de quoi, plus de travail, et partant, plus de pain et l'ouvrier cède. Les fabricants français disent à leurs ouvriers Les ouvriers anglais viennent de consentir à une baisse de salaire il faut vous résoudre à travailler à meilleur marché qu'eux si vous voûtez que nous puissions vendre. Consentez, ou sinon plus d'ouvrage; et l'ouvrier consent.Les mêmes arguments sont tour à tour en ployés en Angleterre et en France" !
Il constate que cette loi de la concurrence vaut pour certains métiers, quand d'autres sont protégés, et il en appelle, dans l'esprit de la République, à une égalité de traitement. Si certains doivent accepter une concurrence dans le travail, il demande à ce qu'il en soit ainsi pour certains métiers socialement réservés. "Enfin, ceux qui veulent conserver, exciter la concurrence criminelle de nos jours, sont-ils vraiment sincères? Ceux qui veulent mettre en concurrence les travailleurs avec les travailleurs, ceux qui veulent mettre les tournées au rabais et les adjudications au rabais, sont-ils vraiment conséquents avec leurs principes? S'il en est ainsi, introduisons la concurrence partout. Mettons à l'adjudication les places de procureurs, d'avocats pro- généraux, de résidents de cours criminelles, celles de professeurs et de tous les employés de l'Etat choisissons, en toute chose, ceux qui voudront travailler au plus bas prix, et exigeons d'eux le bon marché et des travaux de quelque valeur. Faisons en sorte que le gouvernement soit a bon marché, que les denrées soient à bon marché, et alors les ouvriers pourront travailler à bon marché et soutenir la concurrence sons être réduits à pâtir ou a mourir de faim." Evidemment, il prend au jeu de leur rhétorique ceux qui veulent toujours plus d'avantages et de sécurités juridiques et économiques, en imposant aux autres précisément le contraire.
Il ajoute, et c'est remarquable : "Et pourquoi? Parce le le salaire a été trop bas; parce quête numéraire s'est retiré dans un petit nombre de mains parce q je les moyens ont d'échange manqué aux populations, et partant, tous les producteurs ont souffert, ont pâti et pâtissent, faute de pouvoir s'aider les uns les autres. La France est riche, plus riche que jamais le peuple souffre, il souffre plus que jamais, et son avenir est effrayant. Pourquoi cela, messieurs? en serait-il ainsi si nous étions justes, si nous étions humains et fraternels? Non, il n'en serait pas ainsi." En 1848 !
Il met en cause une science économique partielle et partiale, et nous entendons aujourd'hui encore dans les médias la même parole, plus de 160 ans après !
"Des statistiques nous en faisons, nous aussi, et voici comment : Nous disons Il y a quinze ans, on payait la façon de cet ouvrage tant; aujourd'hui, on le paye tant; il y a baisse. II y a quinze ans, on payait la viande, le bois, les loyers, tant; aujourd'hui, on les paye tant; il y a hausse. Ainsi l'ouvrier reçoit moins d'argent pour son travail, il faut qu'il en débourse davantage pour se nourrit et se loger, donc il est de plus en plus malheureux." Et concernant ce décalage entre des salaires qui stagnent ou régressent et des prix qui augmentent, on croirait lire un texte de nos jours !
Il constate et dénonce la stupidité d'une non répartition de la possibilité d'acheter les biens produits : "Oui, et je le veux bien, il y a quatre fois plus d'objets qui sont, ou qui devraient être utiles à tout le monde; oui, les riches ne peuvent agrandir ni leurs corps, ni leurs estomacs, et ils ne peuvent tout consommer eux seuls. Et que résulte-t-il de cela? C'est que les riches, qui ne peuvent agrandir ni leurs corps, ni leurs estomacs, ne peuvent consommer qu'une partie des produits; c est que les pauvres, malgré qu'ils aient un corps et un estomac, ne peuvent, vu leur pauvreté,vu leurs salaires toujours plus insuffisants, user la partie des produits qui devraient leur être attribués, ainsi les magasins s'emplissent, et ne peuvent désemplir, parce que le grand nombre ne peut plus consommer." Et comme nous pouvons le lire, Agricol Perdiguier ne fait pas de métaphores : il nomme les "riches" "les riches", parce qu'ils accumulent, numéraires, actifs, valeurs.
A l'inverse, il explique les bénéfices nationaux de cette distribution de la richesse produite :
"Plus de salaires, plus de consommation de la part du plus grand nombre, et partant, plus d'échange, plus de commerce. Si l'ouvrier reçoit un salaire équitable, s'il touche un argent qu'il a gagné à la sueur de son front, cet argent, il ne le cache pas dans la terre, il le dépense il se nourrit alors un peu mieux, il se vêt, il se meuble, il se procure des livres, il envoie ses enfants à l'école, il leur donne les soins qu'ils méritent. L'argent gagné et dépensé par les ouvriers fait travailler les aubergistes, les tailleurs, les cordonniers les chapeliers, les fabricants de meubles, les marchands de toiles et d'étoffés, les instituteurs, les imprimeurs, les libraires, les boutiquiers de toutes sortes. Ceux-ci se font encore travailler les uns les autres, font travailler d'autres travailleurs. 'l'outes les industries, toutes les sciences, tous les arts en profitent, et je n'excepte ni les théâtres ni les autres lieux de divertissement. Comme chacun mange et boit, le cultivateur vend ses denrées pour se procurer ensuite les produits des villes qui consomment les siens. Chacun paye alors son loyer ou son fermage, l'Etat perçoit les impôts directs et indirects, riches et pauvres s'en trouvent bien, et la vie circule dans la société."
Il confirme sa critique des "économistes" et défend une durée raisonnable du travail quotidien :
"A entendre les économistes, on dirait que la France ne peut exister que sur la ruine de ses ouvriers et la mort de son peuple. (...) Une trop longue journée énerve l'ouvrier, et nuit à tous ses intérêts et à tous ses besoins; "
Il conclut : "Citoyens représentants, je suis ouvrier, moi, un ouvrier véritable, et si M. Charles Dupin et M. Buffet pouvaient en douter, je suis prêt à leur donner des preuves de ma capacité dans ma partie. Cependant, je suis pour la diminution de la longueur de la journée (...)"
D'autres notes seront prochainement publiées à son sujet, que ce soit sur ses ouvrages, discours, sa vie, puisqu'il faut rappeler que, en raison de son échec dans ses projets politiques (échec partagé avec des millions de travailleurs et de citoyens engagés), il a terminé sa vie dans la misère la plus profonde. Sa dépouille sera accompagnée par des milliers d'hommes et de femmes jusqu'au Père Lachaise où il est enterré.
Voici donc ce qu'a pensé et écrit un des plus importants représentants du Compagnonnage à l'époque moderne concernant le travail, le temps de travail, le salaire, l'économie en tant que réalité et en tant que "science".
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Le fondateur de l'AOCDTF, Jean Bernard, a t-il été pétainiste, collaborationniste ? puisqu'il a reçu comme 10 autres "compagnons" la Francisque, et quelles conséquences ?
Cette note inaugure une série de publications historiques, mais aussi politiques et philosophiques. C'est qu'il en va, avec l'Histoire du compagnonnage, d'une partie de l'Histoire du monde ouvrier, du monde productif - avec la présence, l'action, l'influence du monde patronal, et du sens même du Compagnonnage. Dès lors que, comme nous, nous travaillons pour l'AOCDTF, mais au-delà que nous nous intéressons au Compagnonnage du passé et vivant, les dates de création et de reconnaissance d'utilité publique de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France interpellent : 1941 pour la première, 1943 pour la seconde, c'est-à-dire en pleine période de guerre, d'occupation, avec tout ce que cela signifie.
Qui donc a fondé l'association, pourquoi et comment ? Les pages officielles consacrées à l'Histoire du Compagnonnage font référence à "Jean Bernard", fils d'un sculpteur. Il est présenté ainsi sur une telle page : "C'est la plus importante. Elle est issue de l'oeuvre de Jean Bernard (1908-1994), dit La Fidélité d'Argenteuil. Ce tailleur de pierre animé d'une foi catholique profonde a essayé, en 1941, de rénover le compagnonnage et d'unifier, mais en vain, les diverses sociétés compagnonniques françaises alors en voie de disparition" Une autre ajoute que Jean Bernard n'était pas un "Compagnon" : "En 1937, Jean Bernard dont le grand père et les oncles étaient compagnons, rédige un article dans la revue "Le Mausolée" qui évoque les trois fondateurs du compagnonnage. Joseph Magret, Compagnon tailleur de pierre de Bordeaux, lui écrit alors, surpris qu'un non compagnon puisse s'exprimer à ce sujet". Alors que la France a perdu la guerre de 1940 face à l'envahisseur nazi, que le régime pétainiste adopte ses premiers principes et ses premières lois, Jean Bernard demande à rencontrer M. Pétain afin d'obtenir de lui une protection, pour que les Compagnons ne soient pas intégrés aux "Sociétés Secrètes", que ce régime avait décidé de lister (selon ses critères) et d'interdire, mais aussi d'obtenir qu'il parraine la création d'une association nationale des Compagnons, à savoir l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France - et deux ans après, la reconnaissance de l'utilité publique de l'association. Or le régime pétainiste ne s'est pas contenté de "saluer" les Compagnons mais a décidé de faire de ces "ouvriers chevaleresques" un modèle, à la fois d'effort et de discipline, et a décidé de les reconnaître activement, à la fois par la création d'une Charte du compagnonnage, adossée à la Charte du Travail, et par l'attribution de la légion d'honneur pétainiste, la francisque. Une historienne, Madame Lacroix-Riz, a même trouvé qu'une telle décoration a été attribuée à un certain "Jean Philippart", de Lyon (cf la fin de la note). Or, pour obtenir une telle décoration, le candidat devait être parrainé, et il l'a été par le docteur Ménétrel, un des plus proches conseillers de Pétain, et par M. Jean Bernard, qui pour cela devait donc être lui-même décoré. Le document final sur cette page prouve que, parmi 11 autres "Compagnons", Jean Bernard a été décoré par la Francisque.
Nous publions ci-dessous divers documents, issus du fonds de la BNF (Gallica). Les sources sont diverses : elles proviennent soit du régime pétainiste de Pétain à Vichy, avec ce que nous pouvons appeler le journal, hebdomadaire, qui faisait la synthèse des activités (officielles) du régime, de certains organes de presse, le Figaro, Ouest Eclair, le Petit Parisien. Ces documents prouvent que des Compagnons (et nous insistons là dessus, DES et non LES), certains "Compagnons" ont été des admirateurs du régime. Il reste à éclaircir les modalités de cette admiration, à la fois scandaleuse, étant donné ce que fut ce régime, ses activités criminelles, son action permanente contre la France, et étant donné ce que fut, ce qu'est le Compagnonnage (et c'est pourquoi nous ferons paraître dans les prochains jours des extraits de l'oeuvre d'Agricol Perdiguier, pour rappeler ce qu'est le vrai Compagnonnage, source partielle du syndicalisme). Cette admiration a t-elle conduit certains d'entre eux à être membres de la Cagoule (cette organisation de type fasciste qui a tenté de faire tomber la République entre 1936 et 1937) ? à être des collaborateurs actifs (qui auraient dénoncé, etc), à soutenir la Milice, etc.
Evidemment, il s'agit de SAVOIR. SAVOIR permet d'éviter les généralités et les amalgames. Les Compagnons qui, eux, ont soutenu, ont été membres de, la Résistance, n'ont pas à être mélangés dans un grand tout informe, avec des "Compagnons"...anti-Compagnons ! Car, il faut le dire clairement : ceux qui ont été des admirateurs du Pétainisme, ET DONC de la collaboration avec un pays qui travaillait à faire disparaître la France, ceux qui auraient collaboré, ont aussi oeuvre contre le Compagnonnage, et n'étaient pas dignes de s'y référer, comme aujourd'hui il en irait pour ceux qui auraient des valeurs et des comportements contraires au sens de la fraternité entre travailleurs. Ce travail historique s'inscrit dans une démarche qui a plusieurs objets : disposer d'une Histoire de plus en plus précise du Compagnonnage, des organisations et des personnes qui ont prétendu, à juste titre ou non, en être des représentants; faire le point sur les principes du Compagnonnage, et notamment hors rituels (en effet, à l'instar des "religions", des Tartuffe prétendent réduire le Compagnonnage aux rituels "secrets" entre "initiés"); faire le point sur les liens historiques et philosophiques entre le Compagnonnage et le Syndicalisme. C'est pourquoi, s'il s'avère que, malgré de possibles mérites personnels, Jean Bernard ait tenté de réaliser, par la création d'une association fédérante, une OPA sur le Compagnonnage pour l'orienter sur des chemins contraires à celui-ci, et notamment dans le cadre d'une adhésion au Pétainisme, qui revient à un soutien indirect ou direct au Nazisme, il est important de le savoir et de le dire. Il faudra que les dirigeants de l'AOCDTF ET les Compagnons (de l'AOCDTF et hors de l'AOCDTF) s'expriment sur ce sujet et sur les sujets connexes. Nous, nous le faisons ici, afin de clairement indiquer que "le Compagnonnage" ne peut nous être systématiquement "opposé" dans des débats et des sujets sociaux et salariaux pour en fait nous imposer le contraire du Compagnonnage. Et c'est pourquoi nous allons à la fois continuer à approfondir, creuser ce sujet (les Compagnons anti-compagnons, les Compagnons pétainistes ET les Compagnons membres et soutiens de la Résistance, sachant que lors de la Libération il a été décidé de qualifier les "héros" de celle-ci par le beau terme de "Compagnons de la Libération", même si la liste de ceux-ci a été restrictive). En aucun cas, l'association, ses membres actuels, ne peuvent être "salis" par ces informations, par cette publication, puisqu'ils ne sont pas responsables des choix et des actes de ceux qui ont fondé l'association à ce moment-là. Mais ils doivent eux aussi faire un choix face à ces choix et actes fondateurs. Si certains maintiennent qu'une telle parution "salit" l'association et le Compagnonnage, nous leur disons clairement : c'est le soutien actif au Pétainisme et par voie de conséquence au Nazisme qui a sali ceux qui s'en sont rendus responsables et coupables. Les autres, "Compagnons", nous le répétons, n'ont pas à subir par une telle proximité avec ceux-ci un déshonneur. Il y a Compagnons et Compagnons.
Les documents ci-après proviennent du régime pétainiste donne une définition de ce qu'est le Compagnonnage pour celui-ci.
"e) « LE COMPAGNONNAGE DUDEVOIR ET DU TOUR DE FRANCE».
Le « Compagnonnage du Devoir et du Tour de France» constitue
la plus vieille société traditionnelle qu'on connaisse.
C'était à l'origine, une sorte de corporation itinérante, formée
d'ouvriers qualifiés, dont,le rôle était d'encadrer les populations qui
travaillaient à l'édification des cathédrales.
Après l'apparition des communes, le compagnonnage fixa bientôt
ses noyaux sédentaires, prémices des corporations. Mais celles-ci
provoquèrent, par leurs déviations, une opposition ouvrière, qui se
cristallisa autour du compagnonnage. Ainsi, pendant des siècles, il
fut l'unique société ouvrière existante. Il résista aux lois de la Révolution
sur les corporations et fut plus fort que jamais, au XIXe siècle.
Mais l'évolution sociale, l'essor syndical et la création de l'enseignement
technique lui portèrent de rudes coups. Aucun organisme,
pourtant, ne parvint à lui ravir le précieux dépôt traditionnel, fruit
des vertus cultivées sur le tour de France où l'ouvrier s'en va travailler
de ville en ville, logeant chez la « Mère », se perfectionnant
sans cesse et exécutant son chef-d'oeuvre.
Aujourd'hui encore, le compagnonnage réunit des artisans, ou
vriers ou patrons, dans une proportion indifférente. Chaque membre,
quel qu'il soit, est admis à certaines conditions, par ses pairs. Le
compagnonnage groupe les seuls métiers qui permettent aux hommes
de façonner, de leurs mains, un objet complet, dans une matière et
par l'application d'un art mécanique. Ses instruments sont le Tour
de France et le Chef-d'oeuvre.
Le Tour de France est valable par ses règles et sa discipline,
par les rapports humains qu'on y trouve, nés de l'exercice du métier,
au sein de la profession, et par la qualité culturelle qui dégage son
caractère itinérant. Le Chef-d'oeuvre clôt le cycle professionnel et fait
entrer l'homme, désormais achevé dans un stade supérieur de compréhension
sociale, qui loi permettra de consacrer toutes ses forces acquises
au maintien, à la progression et au rayonnement des vertus du
compagnonnage.
Le compagnonnage conduit le jeune homme jusqu'à cet achèvement
que donne l'entière possession d'un métier, Il le fait accéder
à une culture adaptée à son milieu. Par là, il lui permet de se dépasser
par un sens bien compris de labeur et de l'oeuvre.
Par la conscience du métier, il mène à celle de l'homme et par
la conscience de l'homme, à celle de la cité.
Du Chef-d'oeuvre, il atteint la notion d'élite, et de la notion
d'élite celle de l'ordre civique.
Le compagnonnage est donc un ordre civique de travailleurs,
où tous les artisans, comme tous les métiers ne sont pas acceptés, car
son rôle est de cultiver les facultés humaines dans la création d'une
oeuvre manuelle réalisant l'unité de conception et d'exécution. Sa
mission est toute d'éducation, de perfectionnement, d'accomplissement
de l'individu.
Le Compagnonnage du Devoir et du Tour de France, la plus
ancienne des sociétés ouvrières, est également la seule expression populaire
qui n'ait rien d'artificiel, véritable chevalerie du peuple, émanation
originale et profondément personnelle. Le côté pittoresque et
l'apparence légendaire du compagnonnage frappent davantage les esprits
superficiels que l'étonnante source de vertus populaires qui en découle,
faite de l'amour du travail, d'un sentiment de l'oeuvre conduisant au
chef-d'oeuvre, et à une plénitude humaine. Le Tour de France est une
sorte d'école pleine de vie, où se cultivent les humanités ouvrières.
Les efforts de rénovation, actuellement couronnés de succès, ne
sont donc pas l'essai d'une restauration d'usage périmés et de coutumes
désuètes, mais le développement d'un instrument générateur de
facultés humaines, appliquées à un milieu bien défini.
C'est à ces hommes, qui seront l'élite de la classe ouvrière que le
Maréchal accorde sa confiance et ne ménage pas ses encouragements,
comme il l'a montré à Commentry, en remettant solennellement à
l'hôtel de ville, la Charte du Compagnonnage aux délégués qui
l'avaient accueilli.
Les pages suivantes présentent une rencontre entre M. Pétain et des Compagnons.
Le Maréchal Pétain a reçu dans l'après-midi du 25 octobre,
une délégation de onze compagnons du devoir du Tour de France
à l'occasion de la nomination du Conseil du compagnonnage, association
qui, selon les termes mêmes du Chef de l'Etat, entretient
« les traditionnelles et séculaires vertus de la chevalerie ouvrière issue
du peuple ».
L'entrevue terminée, les compagnons eurent la fierté de se retirer
avec la Francisque à la boutonnière et leur diplôme de conseiller du
compagnonnage.
Le document suivant annonce "les assises nationales de compagnonnages", du 27 juin 1941, par le "Journal des Débats Politiques et Littéraires".
Le document suivant est une présentation par la presse de la rencontre entre M. Pétain et "onze compagnons". Il date du 27 octobre 1941, du Figaro. C'est lui qui nous apprend que 11 Compagnons, dont Jean Bernard, ont rencontré et quitté M. Pétain, dûment décoré de la Francisque.
Il est écrit que :
"Le maréchal Pétain a reçu cet après-midi une délégation de onze Compagnons du devoir du tour de France, à l'occasion de la nomination du Conseil du compagnonnage, association qui, selon les termes mêmes du chef de l'Etat, entretient les traditionnelles et séculaires vertus de la chevalerie ouvrière issue du peuple». C'est le ter mai, à Commentry, que le Maréchal a remis la Charte du compagnonnage à une délégation. Elle renferme les bases de l'artisanat, cher au chef de l'Etat. Il y a trois mille membres dans le mouvement renaissant, trois mille maîtres ouvriers ayant fait leur tour de France et leur chef-d'oeuvre. La délégation qui a eu l'honneur d'être reçue par le Maréchal comprenait onze compagnons. Après un déjeuner au pavillon Sévigné, un petit cortège gagna, un peu avant 10 heures, l'Hôtel du Parc. Il y avait là, représentant tous les compagnons de. la zone libre, MM. Despierre, Philippar, Bernard, Oapspegelle, Lafaisse, de la région de Lyon-Marseille: M. Marigand (Béziers-Montpelller); MM. Carrosse, Gayral, Liabastres (Toulouse-Albi), Montauban, Briquet (Périgueux-Limoges) Mauhourat (Bordeaux). C'est M. Bernard qut présenta les compagnons au chef de l'Etat. Celui-ci eut pour chacun un mot aimable. Puis, avec sa manière habituelle, sachant mettre tout de suite à l'aise son interlocuteur, il les interrogea sur leur métier. Des dialogues s'échangèrent. Comme M. Despierre, président des charpentiers, lui était présenté, le Maréchal remarqua qu'il y avait beaucoup de oharpentiers dans la délégation. C'est en effet, un vieux métier de chez nous. La charpente est vivace sur la terre de France, constata le Maréchal. Et à M. Phllippar, charpentier également et classé le meilleur ouvrier de France, qui travaille à Lyon sur le chantier du tunnel de Vaise, perçant la colline le chef de l'Etat donna ce conseil, où l'on sent l'amour du travail bien fait «Faites en sorte que ça soit bien solide et que ça ne s'écroule pas». L'entrevue terminée les Compagnons eurent la fierté de se retirer avec la francisque à la boutonnière et leur diplôme de conseiller du compagnonnage, tandis que le Marechal allait reprendre sa lourde tâche, « heureux, comme il le dit, d'avoir reçu ces braves gens». (OFI).
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Ces documents posent des questions. Jean Bernard fait donc partie des 2626 personnes (au bas mot) qui ont été décorées de l'ordre de la Francisque. Lui et les autres "Compagnons" ont-ils laissé des témoignages, des propos, des textes, pour parler de ce qui s'est passé, et ont-ils exprimé des regrets ? ou au contraire, ont-ils confirmé leur attachement à la personne et aux "idées" de M. Pétain et de ses amis ? Pourquoi des "Compagnons" (et nous écrivons bien, DES et non pas LES) de 2013 (minoritaires, nous le pensons et voulons le croire), reprennent-ils à leur compte les sentiments et les principes généraux du Pétainisme, et notamment cet anti-syndicalisme ? Que répondra M. Nauleau lorsqu'il sera interpellé sur le sujet ?
Nous remercions Madame Lacroix-Riz, historienne spécialisée dans les années 30 et l'occupation, pour cette information sur cette archive concernant l'attribution de la francisque. Madame Lacroix-Riz vient de publier une nouvelle édition de son ouvrage, "Industriels et Banquiers sous l'Occupation". Voici le texte de cette archive :
Philippart Jean, n° 468 Né 26 mars 11 dans Eure,
ancienne adresse « en Seine Inférieure, ou (sic) sont mes parentes »,
Adresse actuelle 76, rue Saint Pierre de Vaise, Lyon
« Conducteur de travaux », fils de Victor et Gabrielle Thierré,
Marié 4 juillet 39 à Rose Réveillés, 1 enfant
Parrain 1, Jean Bernard; 2 « Docteur Ménétrel »
« Demande acceptée au Conseil du 25.10.41 »
Lyon, 6 novembre 41
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Bertrand Nauleau, nouveau premier conseiller des Compagnons du Devoir du Tour de France
Bien des salariés de l'AOCDTF n'ont jamais rencontré ni entendu M. Guisembert, ex premier conseiller de l'AOCDTF. Depuis un peu plus d'un mois, M. Nauleau a été élu pour lui succéder. Qui est-il ? Le voici en photographie. Nous verrons si M. Nauleau s'adresse aux salariés et accepte la présence et l'action des organisations syndicales et de leurs représentants, ce qui n'a pas été le cas avec M. Guisembert. D'ailleurs, dans l'éditorial de "Compagnon du Devoir", dans le texte que M. Guisembert a lu aux congressistes lors des dernières assises de l'AOCDTF à Deauville, celui-ci a continué à répéter son credo ultra-libéral : "C'est ainsi que la peur du lendemain crée un sentiment d'insécurité au point de scléroser les initiatives et la découverte. Cela a pour conséquence de s'accrocher à ses acquis : un contrat de travail à durée indéterminée, une résidence pour la vie..." Et c'est à partir de ce type de généralités que la direction de l'AOCDTF a confondu ces dernières années la vie des Compagnons avec celle des salariés : les premiers se déplacent, enchaînent CDD, bénéficient du réseau "Compagnons du Devoir du Tour de France", les seconds sont nécessairement sédentaires (imagine t-on un cuisinier qui serait cuisinier 6 mois là et 6 mois là, imagine t-on un professeur-formateur qui serait... ?), et ont dans ce cadre un CDI et souvent au sein de l'AOCDTF un CDII, qui, même "indéterminé", est flexible. Il faudrait en parler à M. Sapin qui ces dernières semaines a pu apprécier la compagnie de M. Guisembert (celui-ci lui a t-il parlé de ses théories patronales sur le droit du travail ?). Il faudrait aussi le demander au Président de la République, puisqu'il a reçu l'équipe de France des Olympiades des Métiers, en présence de M. Guisembert.
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M. Bertrand Nauleau, élu premier conseiller de l'AOCDTF
Les Assises de Deauville ont conduit à cette élection-décision : 2/3 des voix se seraient portées sur M. Nauleau, qui a succédé depuis une semaine à M. Guisembert. La CGT de l'AOCDTF a sollicité une rencontre avec le nouveau premier conseiller.
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Assises 2013 de l'AOCDTF à Deauville : les Compagnons vont choisir entre
M. Thierry Courtin (maçon) et M. Bertrand Nauleau (menuisier)*.
Ils ont, l'un et l'autre, présenté leur projet, aux Compagnons. Il semblerait que les projets en question soient radicalement différents et l'un d'eux pourrait avoir des conséquences inédites et majeures sur le fonctionnement de l'association. La CGT souhaite pouvoir s'entretenir avec l'un et l'autre, d'ici aux Assises (afin de vous parler de leur projet) ou avec l'élu, dans la foulée de son élection.* indiqués dans l'ordre alphabétique
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Les 21 et 22 Juin 2013, les 75ème Assises de l'Association AOCDTF
C'est à "Deauville" (vous pouvez demander pourquoi) que les Compagnons membres de l'AOCDTF tiendront les Assises nationales, 75ème. Le programme est à découvrir ci-dessous. Dans ce programme de deux jours, vous ne trouverez pas une rencontre ou une expression de notre section syndicale. Lors de ces Assises, l'actuel premier Conseiller, M. Guisembert, passera la main à un nouvel élu. Nous en parlerons prochainement.
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24 et 25 mai, certaines Maisons de l'AOCDTF accueilleront jeunes et parents
C'est en anglais que l'appel, l'invitation, sont formulées !
Nous vous invitons à découvrir les maisons, les formations, l'encadrement.
Voici le livret spécial jeunes apprentis de la CGT :
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A l'attention de M. Michel Guisembert, Marc Jarousseau, Luc Allemand, Bertrand Nauleau, Olivier Candotti-Besson
Michel Guisembert, Marc Jarousseau, Luc Allemand, Bertrand Nauleau, Olivier Candotti-Besson, sont les membres du bureau de l'association, le Conseil du Compagnnonage.
La direction des Compagnons délègue depuis deux ans la gestion quotidienne des rapports avec notre organisation syndicale à la DRH, représentée par M. Patrick Gillet.
C'est pourquoi, après s'être adressé sans succès au seul Michel Guisembert, cette lettre ci-dessous a été adressée à chacun des membres de ce Conseil. S'ils répondent collectivement ou si l'un d'eux nous répond, cette lettre vous sera partagée ici
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Des Compagnons à Anglet, un reportage de Perrine Durandeau et Emmanuel Galerne
Voici un reportage sur un site de formation en Aquitaine. Ce site n'est pas géré par l'AOCDTF, mais puisqu'il s'agit de Compagnons, nous les saluons et tenons à les féliciter pour leurs investissements, leurs efforts
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A propos des sites aquitains de l'AOCDTF et la prochaine rentrée 2013/2014, la lettre publique de la CGT à M. De Lima
Cette lettre a été envoyée à M. Le Président du Conseil Régional Aquitaine, M. Le Recteur et à la DIRECCTE Aquitaine, avec des demandes et des questions particulières pour chacun.
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"L'ère du travail contributif" - au sein de l'AOCDTF ?
"Les bureaux de Bernard Stiegler font face au Centre Pompidou, sous les toits de Paris. C’est pour son célèbre voisin que le philosophe a fondé l’Institut de recherche et d’innovation (IRI), afin d’« anticiper les mutations de l’offre et de la consommation culturelle permises par les nouvelles technologies numériques ».
Mais dans l’esprit de l’enseignant-auteur-chef d’entreprise, tout est lié : culture, consommation, technique, travail, politique. Pour lui, le modèle consumériste se meurt, comme celui du progrès permanent. Tout s’automatise. L’intérêt économique ne peut plus être le seul poursuivi. Il faut réhabiliter le savoir, la connaissance, la créativité. Comment ? En développant une « économie de la contribution », qui révolutionne la manière de travailler. Entretien.
Rue89 : Qu’est ce qui vous amené à vous intéresser au monde du travail ?
Bernard Stiegler : J’ai été manœuvre, je suis passé par le syndicalisme. Mais j’ai été aussi aux manettes de grosses boutiques comme l’INA, l’Ircam, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, et maintenant l’IRI, l’Insitut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou.
Plus fondamentalement, je m’intéresse à la technique et la technique conduit au travail. Le monde du travail, c’est toujours plus ou moins technique, un monde technique qui peut être plus ou moins pauvre, ou plus ou moins riche.
Et qu’est-ce qui vous frappe aujourd’hui dans ce monde du travail ?
J’ai observé les gens dans ces différentes boutiques. Et ce qui m’a frappé, au bout d’un moment, c’est de découvrir qu’ils étaient de fervents adeptes du logiciel libre.
Au point de préférer travailler chez soi, quitte à être moins payé que dans de grandes entreprises, mais des entreprises qui travaillent sur du logiciel propriétaire. Ils m’ont l’air plus motivés par leur travail que par leur salaire. J’ai découvert cette économie-là.
L’utilisation du logiciel libre induit des relations de travail différentes ?
Ça dépend vraiment des modèles. Prenons l’exemple de l’Ircam. A l’époque où je dirigeais l’Institut, celui-ci développait huit logiciels diffusés dans le monde entier. Nous faisions évoluer ces logiciels en réunissant tous les ans des communautés de contributeurs qui venaient du monde entier.
Ça pouvait être des développeurs, des compositeurs, des monteurs son de cinéma, etc. Ils apportaient des propositions, des moulinettes logicielles, qu’ils développaient en « open source ». L’open source, ça veut dire que tout le monde peut les utiliser, venir les récupérer, les améliorer. C’est un dynamisme inouï.
Avec ce fonctionnement contributif, la hiérarchie tend à disparaître ?
Non, non. Le « bottom up » pur n’existe pas. Ce qu’on appelle le bottom up consiste à faire venir toutes les informations et les décisions du terrain, des participants, plutôt que d’avoir quelques décideurs qui imposent des organisations. Je pense que ce n’est pas possible. Il faut toujours quequ’un qui décide.
De très grandes entreprises qui recourent au contributif, aux Etats-Unis et en Allemagne, sont organisées sur ce modèle-là. Je pense aux entreprises de logiciels libres, comme Redhat, mais également à des modèles hybrides, comme Google, qui se situe entre le consumérisme et le contributif, ou comme Facebook, voire Wikipédia. Chacune de ces entreprises a son organisation. Mais il y a toujours un chef, et une hiérarchie.
C’est le mécanisme de prise de décision qui est différent. Le décideur, c’est celui qui juge le mieux, c’est celui qui anime aussi le mieux des communautés de sachants.
Mais il n’y a pas de gens qui aient un rôle d’exécutants. Tout le monde a voix au chapitre sur tout ce qui concerne les contenus, tout le monde est impliqué dans cette prise de décision. Les clients eux-mêmes peuvent participer.
Des travailleurs free lance et des clients peuvent participer ? Expliquez-moi.
La Fnac, tout à fait à ses débuts, fonctionnait sur un modèle contributif. Tous les vendeurs de la Fnac étaient des amateurs : des musiciens, des photographes, etc. La Fnac en quelque sorte les sponsorisait, en les faisant bosser.
Tous les amateurs allaient à la Fnac. Pour échanger avec les vendeurs. J’y allais, j’étais fan de jazz. Et il m’arrivait, le soir, de jouer avec des vendeurs.
La Fnac a détruit ça il y a 25 ans. C’est une très grave erreur. C’est ça le modèle aujourd’hui que cherchent les gens. Salariés, clients, amateurs, tout le monde apporte ses idées. Salariés, free lance, clients, tous deviendront des contributeurs de l’entreprise
Il n’y a donc plus de consommateurs ?
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